Stripped – Chapitre 7

L’été du mécontentement

“Toute l’histoire [de célébrité] m’est montée à la tête. Tout à coup, tout le monde – y compris moi – a admis que la raison pour laquelle on marchait si bien était à cause de notre grand talent”.
– Vince Clarke, 2001

L’été 1981 a vu une succession de groupes synthétiques prendre d’assaut les charts singles britanniques. En août, The Human League jouissait enfin d’une sérieuse action dans les charts – grâce en grande partie à la résolution incessante du publiciste de Depeche Mode Neil Ferris – Love Action (I Believe In Love) a pointé à la troisième place.

Soft Cell, qui avait partagé la scène de Depeche Mode en Essex, est monté un cran – et deux places très importantes dans les charts – plus haut. En choisissant par hasard d’enregistrer et de sortir une reprise électronique du morceau martelant de Northern Soul du milieu des années 1960 de Gloria Jones, Tainted Love, le duo à synthétiseurs avait pris la pole position des charts singles britanniques tout le mois d’août.

Martin Gore : “Au tout début [de notre carrière], il se passait une sorte de mouvement. Il y avait des groupes comme Soft Cell, The Human League et Orchestral Manœuvres – je n’aimais pas grand chose dans le lot. Une grande partie qui était sensée être dans le même sac que nous ne me faisait ni chaud ni froid. Une grande partie des groupes qui ont commencé en même temps utilisaient des synthétiseurs mais certains n’avaient qu’un synthétiseur. Des gens comme Duran Duran et Spandau Ballet étaient mis dans le même panier, on ne les croisait qu’occasionnellement lors d’émissions télé. Ça n’a jamais été tout un truc”.

Le maestro de Mute, Daniel Miller, se trouvait dans une meilleur position pour démêler la confusion qui entourait la scène nouveaux romantiques/futuristes orientée vers les synthés :  “La plupart des groupes nouveaux romantiques était à la base des groupes rock avec un joueur de synthé – ils [Depeche Mode] se considéraient comme un groupe futuriste, pas comme un groupe nouveau romantique, [il y a] de subtiles différences, tu vois ? Mais aussi, il y avait un autre groupe de groupes – Human League, Soft Cell et OMD – c’étaient de vrais groupes électroniques”.

“Il y a encore un an, ce n’était pas bien vu de dire que tu jouais de la pop, expliquait Dave Gahan à Jackie, mais aujourd’hui une grande partie des groupes l’admettent effectivement, ça ne fait pas de tapage. À la base, on est juste un groupe qui écrit de bonnes chansons catchy. On est un groupe pop, c’est aussi simple que ça”.

Andy McCluskey, de Orchestral Manœuvres In The Dark – eux-mêmes non étrangers aux charts singles britanniques avec deux entrées dans le Top Cinq (Souvenir et Joan Of Arc) – a dit à Smash Hits, avec une pointe de sarcasme : “Je pense qu’on peut laisser les chansons pop synthétiques à Depeche Mode – ils sont meilleurs que nous dans ce domaine aujourd’hui”.

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D’après le journal de Deb Danahay, le travail sur ce qui allait devenir l’album Speak & Spell a commencé le 14 juin 1981 aux Blackwing Studios. Accompagné du photographe Jill Furmanovsky, le journaliste Pete Silvertan a observé la première phase difficile de l’album dans New Sounds, New Styles : “Depeche Mode répète dans une église désaffectée dans le Sud des docklands de Londres. Vince Clarke utilise un synthétiseur Roland [Jupiter-4] et fait fonctionner la boîte à rythmes vêtu d’une chemise bordeaux. Andrew Fletcher est sur un Moog [Prodigy] avec une chemise verte. Martin Gore joue sur un Yamaha [CS5] et porte un pull blanc tricoté dans de la grosse laine sur un t-shirt noir. Et devant se tient Dave Gahan qui chante dans une chemise ample couleur pêche avec des manchettes blanches, un pantalon en velours côtelé ocre et des bottes brun moyen avec de grosses boucles. Le groupe joue très doucement, et travaille sur une nouvelle chanson – qui s’appellera probablement Let’s Get Together. Ils ont des problèmes avec les harmonies”.

Andy Fletcher : “Ça ressemble trop aux Beverly Sisters”. Vince Clarke : “Tout ressemble à quelque chose”. (1)

“Au tout début de Depeche, je n’allais pas au studio parce que Vince voulait juste penser à lui, affirme Deb Mann. Mais comme Martin et Dave les voulaient là, Anne et Jo étaient toujours au studio. On ne peut pas se l’imaginer aujourd’hui – on ne permettrait pas aux copines de rester au studio 12 heures par jour !”

Comme on pouvait s’y attendre, cette situation a causé une certaine dissension au sein des rangs sensiblement serrés du groupe.

Vince Clarke : “Ce n’est pas que je ne m’entendais pas avec Dave, pas exactement, mais il avait une copine et il semblait toujours être mal luné, à cause de toute cette merde de relation personnelle. Pour moi, ça semblait gêner le groupe, tu vois ? Avec le recul, c’était probablement plus important qu’il ait fait ça – je ne m’en rends compte que maintenant. Mais, à l’époque, j’avais juste une ambition pour le groupe et c’était réussir”.

Vince est plus tard revenu un peu sur sa décision et a permis à Deb de venir à Blackwing : “C’était une grande église, alors il y faisait très froid et on se serait cru dans une crypte”.

Autant que se le rappelle Vince, Daniel Miller était encore dans le siège directeur à ce moment délicat des opérations : “Daniel a dit : Okay, faisons un album ! C’est probablement comme ça que ça s’est passé, j’imagine. On avait assez pour un set – 10 chansons, ce qui suffisait pour un album”.

Daniel Miller : “Quand je les ai vus [Depeche Mode] jouer pour la première fois, ils ont en quelque sorte installé l’image et le format sonore du premier album”.

Tora! Tora! Tora! et Big Muff de Martin Gore – dévoilées durant la diffusion sur Radio One du Richard Skinner Evening Show – ont également été mises en boîte durant les sessions d’enregistrement cadencées de l’album. En rétrospective, Gore est partagé à la fois sur l’album et ses propres contributions. “Bien sûr, j’ai de tendres souvenirs de ça parce que c’était la première chose qu’on ait faite. En fait, on a enregistré Photographic pour le Some Bizzare Album juste avant ça. On jouait ces chansons sur scène depuis plus d’un an auparavant. J’ai tous ces souvenirs, mais je le considère toujours comme l’album de Vince, parce qu’il a écrit neuf de ses onze chansons”.

Alors que le groupe perfectionnait la majorité des chansons à ses concerts réguliers, les enregistrements sonnaient nettement différents, grâce à la contribution créative et technique de Miller. Dans son incarnation originale, Photographic était rapide avec un arrangement simple mais efficace. Lorsqu’elle a été réenregistrée à Blackwing, elle a pris un caractère clairsemé presque hantant, soi-disant pour aller avec les paroles absurdes.

Vince Clarke : “C’était l’influence de Daniel Miller. Je me souviens d’avoir été vraiment frustré parce qu’il me semblait qu’il avait passé toute la journée à faire un son de grosse caisse et je ne trouvais pas pourquoi il avait fait ça”.

“On expliquait à Danny ce qu’on voulait et il disait un instant et c’était là, a raconté Dave Gahan à One… Two… Testing en 1982. On aurait pu essayer pendant cinq heures et ne pas y arriver… alors on lisait les journaux à la place”.

Andy Fletcher : “Danny lisait un mode d’emploi de synthétiseur, il les lisait chez lui – probablement aux toilettes ! C’est son passe-temps”.

Le groupe peut remercier Daniel Miller pour son soin méticuleux. Bien qu’il faille reconnaître qu’elle prend du temps, la maîtrise de Miller de la synthèse analogique soustractive employée sur un synthétiseur d’époque ARP 2600 – qui était toujours le soutien du premier son de Depeche Mode – a donné au groupe un avantage sur ses rivaux. La grosse caisse et autres sons percussifs que Miller avait réussis étaient uniques et de manière plus importante, ils sont capables de passer le test du temps – à la différence des boîtes à rythmes disponibles dans le commerce comme la LM1 de Linn Electronics, la première à posséder des sons samplés numériquement pour simuler une vraie batterie.

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Le premier album de Depeche Mode toujours sans titre a été précédé par son deuxième single – Just Can’t Get Enough – le 7 septembre 1981. Parfaitement réalisé et peut-être le morceau de pop synthétique la plus contagieuse jamais commise sur vinyle, la défenseuse dès le début de Mode, Betty Page, a rapporté sur sa création aux Blackwing Studios de Eric Radcliffe pour Sounds : “Un regard à Vince Clarke assis avec confiance derrière la table de mixage et au sourire accueillant d’un Martin Gore en short et je savais que les choses marcheraient comme sur des roulettes”.

Just Can’t Get Enough n’a pas été une affaire entièrement sans problème, cependant, avec Dave Gahan qui a divulgué que “on ne pouvait pas se concentrer sur l’enregistrement et la première fois qu’on a fait Just Can’t Get Enough, c’était terrible. On s’est débarrassé de la majeure partie de ce qu’on avait fait et enregistré plus de morceaux », ajoutant autre part que l’enregistrement de la chanson « a pris des siècles, parce qu’on avait toujours New Life en ébullition”.

Les interviews aussi entamaient le temps du groupe, mais Vince Clarke refusait désormais de jouer le jeu. Un membre du groupe (non crédité) qui parlait à Paul Morley du NME a raconté : “Il y avait ce gars qui nous interviewait pour le Daily Star – Ricky Sky – et il cherchait désespérément un gros titre, un angle, et il nous disait : N’avez-vous rien fait de vraiment excitant ? Qu’est-ce qui s’est passé ? On a répondu : Eh bien, rien, vraiment, même si quand on a joué une fois chez Ronnie Scott, toutes les lumières se sont éteintes ! Il était excité par ça, puis il a commencé à parler de beauté et il a dit : Pensez-vous que c’est un avantage d’être beau et d’être dans un groupe ? Vince a rétorqué : Ouais, évidemment, c’est un avantage dans la vie d’être beau. Rick Sky a rédigé ce qu’avait dit Vince ainsi : Les groupes moches ne réussissent jamais. Si tu es beau, alors tu es numéro un. Depuis lors, Vince ne s’est jamais aventuré en dehors de son appart ! Il est si vexé. Ça l’a vraiment frappé dur. Il n’est pas sorti depuis six semaines et est dans une dépression très sérieuse”.

Le rapport de Sky était mot pour mot comme suit : “Depeche Mode est l’un des groupes les plus beaux du moment. Et ils considèrent que cela leur donne un avantage dans la compétition. Vince Clark [sic], 21 ans, dit : Les groupes moches ne vont nulle part dans le business. Mais regardons les choses en face, être beau te donne un réel avantage dans la vie. Ça ouvre beaucoup de portes”.

Vingt ans plus tard, Robert Marlow déclare que ces mots mal tournés du côté sensationnaliste du spectre journalistique ont été “l’argument décisif” quand on en vient à définir la méfiance de son ami envers les médias : “Quand on lui a demandé, Alors, pensez-vous être beau ?, il y avait un élément d’ironie dans sa réponse, parce que Vince avait une sorte ironique de vision noire de la vie. Quand ça a été imprimé, Vince était complètement hors de lui. C’est un mec assez sensible, et il n’est pas vaniteux – il ne se considérait aucunement comme un gars beau, tu vois ?”

Si Depeche Mode avait été signé sur une major avec un management professionnel solidement en place, il est possible qu’on ait conseillé à Clarke de demander une rétractation. Comme les choses étaient, tandis que les trois autres étaient prêts à faire face la tête la première aux demandes de plus en plus exigeantes d’être dans la vie publique, Clarke se retirait de plus en plus.

Quand ils ont pris du temps hors du studio pour parler au magazine pour adolescentes Heartbeat, l’absence de Clarke a été encore une fois remarquée comme on s’y attendait. Les tentatives faites pour étouffer l’affaire étaient Dave Gahan qui disait : “Il [Vince Clarke] parle de choses intelligentes, alors qu’on glousse et papote au-dessus de la table des nigauds. Il aime vraiment s’impliquer en studio et quand il se concentre, il s’enferme sur lui-même. Il passe par une phase en ce moment où on ne peut pas s’approcher de lui, alors on le laisse tranquille jusqu’à temps qu’il en sorte”.

Dans un moment plus joyeux, Dave Gahan a plaisanté avec Look In en disant que c’était sa mère qui avait le dernier mot sur les sorties du groupe ! “Daniel Miller, qui dirige Mute, la prend très au sérieux. Elle écoute nos disques et nous dit ce qu’elle en pense. Elle a écouté Just Can’t Get Enough et a dit que c’était trop clapoteux. Si c’est clapoteux alors ce n’est pas bon donc on le remixe. Puis elle l’écoute et dit : Ça a un bon rythme – plus dance que l’autre. Ça veut dire que c’est bon !”

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“À la demande générale et surtout pour leurs parents, voici les sensations des charts venues de Basildon, Depeche Mode, qui sont désormais si riches qu’ils peuvent se permettre de payer le plein tarif dans le bus. Après le succès du Top 10 de New Life, ils ont un nouveau single, Just Can’t Get Enough. Il est sur le petit label indépendant Mute, dont ils ont payé les conseils avec loyauté quand d’autres groupes auraient vendu leurs âmes aux majors” (lu dans un journal de Basildon)

Vince Clarke : “Il y avait toujours cette idée de trahison – même au début, parce que les indépendants étaient si importants à l’époque. C’était excitant, tu vois ? C’était comme être tendance, de ce que je me souviens. Et j’aimais la tendance”.

Dave Gahan : “Les gens d’ici [Basildon] pensent en quelque sorte que si tu as un single dans les charts, tu vas te balader en Rolls-Royce, mais on prend toujours le bus. Ils te voient dans la friterie ou le fast-food du coin et ils pensent que c’est vraiment bizarre…

“Il n’y a pas de glamour [chez Depeche Mode]. On se baladait dans la Renault de Dan… ce qu’on ne fait plus aujourd’hui puisqu’elle est cassée, alors on prend le train. Rien n’a vraiment changé. Il se peut qu’on ait un peu plus de pennies dans nos poches, et quand je dis pennies, je veux bien dire pennies, mais mêmes amis, mêmes endroits où aller. Tu penses toujours : Ça serait génial d’avoir un tube, mais quand ça arrive réellement, rien ne change réellement”.

Le commentaire de Gahan coïncidait avec Depeche Mode en couverture du NME du 22 août 1981. Même s’il était au premier plan, le photographe montant Anton Corbijn a flouté l’infortuné Gahan et s’est centralisé à la place sur les trois autres membres.

Dave Gahan : “J’étais vraiment déçu. J’étais devant mais… je ne l’étais pas. C’était assez culotté de sa part [Anton Corbijn]. Ça m’a complètement monté à la tête, cette photographie. Je me souviens d’avoir pensé : Quel salaud ! Il m’a complètement flouté”.

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Les news et les chroniques dans les hebdomadaires musicaux étaient optimistes, bien que plus au fait. “Le nouveau groupe aux synthétiseurs qui marche, Depeche Mode, sort son troisième single cette semaine, après son tube New Life. Il est intitulé Just Can’t Get Enough et est accompagné d’un instrumental qui s’appelle Any Second Now”. Mais est-ce que le fait que Vince Clarke ne nécessitait plus évidemment les services du chanteur Dave Gahan sur cette face B pouvait être lu comme un signe des choses à venir ? Peut-être.

“Tandis que New Life [se retire] des charts après quatre mois, le nouveau single de Depeche Mode, Just Can’t Get Enough, [vient] en chargeant et semble être le meilleur exemple du son de Basildon, même s’il doit être dit que les paroles sont une bagatelle du côté répétitif. Peut-être que c’est la sorte de chose qui arrive à Basildon, mais n’ayant jamais été là-bas, nous le saurons pas. Un critique rock les a récemment traités de Bay City Rollers de l’âge électronique, ou quelque chose dans le genre, alors s’ils vont devenir énormes, il faut que nous mémorisions tous leurs noms. Les voici – Vince Clarke écrit les chansons, tandis que Dave Gahan les chante, Andrew Fletcher et Martin Gore jouent (comme vous l’auriez deviné) des synthétiseurs, et il y a une boîte à rythmes quelque part dans le coin…”

Record Mirror a récompensé Just Can’t Get Enough de leur convoité statut de “Single de la Semaine” le 12 septembre 1981 : “Le bubble-gum est de retour ! D’accord, le titre est d’une banalité embarrassante et sa répétition tout au long de la chanson devient très lassant, mais dans l’ensemble, c’est énormément appréciable, dynamique, dansant et au bord de l’irritant. Cette dernière qualité est essentielle dans le bubble-gum, cela doit nous énerver un peu, être d’un entraînant ennuyant et ce disque l’est. Un tube de proportions généreuses – ces visages poupins seront de retour sur TOTP avant que vous ne disiez The Archies”.

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Rapidement, ces visages poupins apparaissaient, encore une fois, chez Top Of The Pops, jouant Just Can’t Get Enough pour la première fois. Cette fois, ils arboraient des vêtements faits sur mesure par Rose Martin, les cuirs étaient partis, et les pantalons à taille haute sont arrivés, les bretelles et les chemises bien nettes – tout cela excepté Martin Gore, qui, en choisissant de ne pas porter sa chemise durant la performance de l’émission, a révélé les débuts de ce qui deviendra une sorte d’obsession : exposer divers degrés de chair, à la fois sur scène et en dehors scène.

Complètement ou à moitié habillé, ces “cauchemars vestimentaires” auxquels Robert Marlow avait fait allusion plus tôt allaient tracasser Depeche Mode pendant un certain temps à venir. “Ils avaient définitivement un problème d’image, s’accordait Daniel Miller. Dave savait à quoi qu’ils devraient ressembler – c’était l’étudiant en mode. Une grande partie de ses potes étaient stylistes – ils faisaient partie de la scène londonienne. Ils avaient ce look de premiers Nouveaux Romantiques, mais ils n’y croyaient pas ou ne vivaient pas pour ça, c’était juste un engouement passager plus que rien d’autre”.

Étant celui qui était le plus conscient de l’image au sein du groupe, Gahan était heureux de tenir à distance la scène futuriste/nouveau romantique fixée sur le style : “On s’en est éloignés, on ne veut pas devenir sur-identifiés par un mouvement de poseurs. On s’est calmés et on a changé notre premier look. On a opté pour une image stylée et élégante façon années 1950 avec de larges pantalons, des gilets portés très hauts et des nœuds papillon – une sorte de look du chevalier d’industrie façon Flash Harry”.

Daniel Miller : “Tout le monde regrette ce qu’il portait à 18 ans. Il y avait cet autre look [de Depeche Mode] à l’époque qui était ce look cuir S&M efféminé qui avait beaucoup à voir avec la région. Il y avait tout ce gang de Southend [qui s’habillait comme ça]. Je me souviens d’être allé au Crocs, qui était leur salle du coin à Rayleigh dans l’Essex, à deux pas de Basildon. Avant que je ne rencontre Depeche Mode, c’est Fad Gadget qui y a joué, et je n’y croyais pas mes yeux : il y avait tous ces mômes des banlieues complètement bien habillés et mélangés à ça, il y avait tout un gang de mecs de Southend – mais pas horribles – tous habillés en cuir. Ce n’est qu’après avoir rencontré Depeche Mode que tout s’est accordé… Je ne rêvais certainement pas de dire à quiconque quoi porter”.

Depeche Mode a ressuscité ce look cuir décidément pas commode lorsque le groupe a filmé la vidéo promotionnelle qui accompagnait Just Can’t Get Enough. Pour Vince Clarke, c’était un processus déconcertant : “Pour commencer, à cette époque, on ne faisait pas de clip jusqu’à ce que la chanson soit rentrée dans les charts – au moins dans le Top 10, parce que ça n’en valait pas le coup. Et il n’y avait pas autant d’endroits où passer un clip, de toute façon. Il n’y avait pas autant d’émissions qu’aujourd’hui”.

Tournée avec relativement peu d’argent par le réalisateur Clive Richardson, la vidéo reste d’une simplicité charmante dans son exécution. On peut voir le fraichement coiffé Dave Gahan, qui porte des lunettes de soleil aviateur, réaliser une interprétation parfaite de ce qu’il appelle lui-même “la danse idiote”, dont il avait révélé l’effet à Paul Morley du NME : “T’as vu Razmatazz [émission britannique matinale] hier ? On y était et toutes ces petites filles dans le fond essayaient de m’imiter – elles me copiaient, hein ? Je ne savais pas quand on jouait, mais elles faisaient exactement la même dance – comme si tu répètes plusieurs fois avant de faire la véritable performance, et les filles ont dû l’avoir perfectionner vers la fin”.

Vince Clarke et Andy Fletcher aux casquettes de motard en cuir ont été pris en train de “remuer des hanches et de sautiller” autour de leurs synthétiseurs “tels des marionnettes aux fils cassés”, pour citer Morley.

Andy Fletcher : “C’était la principale critique envers nous, le fait qu’on ne bougeait pas assez. On s’est détendus un peu maintenant, et on danse, mais on était vraiment jeunes”.

Martin Gore : “On était vraiment jeunes ?! C’était il y a seulement six mois !”

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Les fans variés de Depeche Mode ont poussé Just Can’t Get Enough à la huitième place des charts singles britanniques avant la fin du mois de septembre. Le single était accompagné d’une version longue 12” “Schizo Mix” qui pesait presque sept minutes, complète avec des interludes rythmiques et une fin instrumentale hypnotique rallongée.

Les paroles de Just Can’t Get Enough étaient du côté répétitif, pourtant cette fois, les mots de Vince avaient apparemment une signification, bien que cachée. Selon Deb Mann, la chanson parle du béguin lointain de Vince pour une jeune fille particulièrement frappante qu’on voyait souvent à Basildon à l’époque – non pas que le compositeur réservé n’ait jamais fait savoir ses sentiments à la fille en question.

En sorte d’avant-goût de l’album à venir, en septembre 1981, le magazine Flexipop! A fait paraître un morceau « exclusif » de Depeche Mode – morceau de pop synthétique rythmique contagieuse intitulé paradoxalement Sometimes I Wish I Was Dead (“Parfois, j’aimerais mourir”) – sur son flexidisc. Les paroles-comptine de la chanson ne mentionnent pas le titre dont la morbidité est peut-être due au fait que Vince Clarke a dû finir l’enregistrement pratiquement en solo ? (2)

Avec l’album prêt à sortir, une quantité plus importante de travail sur scène faisait signe durant l’été 1981 et après. Avant de partir en courte balade européenne de quatre dates – qui s’est respectivement arrêté à la Markthalle de Hambourg, au Paradiso de Amsterdam, à la Disco Rouge de Bruxelles et aux Bains Douches de Paris les 25, 26, 28 et 29 septembre – Depeche Mode a fait deux concerts anglais gratuits.

Le premier était à la Christ’s School de Richmond dans le Surrey, la seule fois depuis leur début à quatre à Basildon où le groupe a joué dans un établissement scolaire. Les hebdomadaires musicaux ont fait des remarques sur ce choix invraisemblable de salle : “Voulez-vous que Depeche Mode joue lors de votre prochain concert scolaire ?” a écrit Brian Harrigan. “Tout ce que vous avez à faire, c’est imiter l’exemple de Paul Warburton, professeur à la Christ’s School de Richmond, dont la sœur connaît un membre du groupe. Les Modes ont joué lors de la dernière réunion de charité pour rien, afin de réunir de l’argent pour la caisse de l’école : 500£ en tout”.

Le dernier concert était encore plus admirable – un retour à The Venue, jouant ce qui était affiché comme “Un concert spécial au profit de Amnesty International” le 19 septembre. Le prix de ce concert à 17h pour les moins de 18 ans sans alcool n’était que de 2£, tout comme l’autre concert d’après réservé aux plus de 18 ans, qui a démarré à 20h.

Andy Fletcher : “On a fait face à un dilemme parce qu’une grande partie de notre public a moins de 18 ans et que les endroits où on joue leur sont interdits. Alors une grande partie de personnes ne peuvent venir nous voir. On a essayé de faire des concerts de début de soirée, mais c’est vraiment fatiguant de jouer deux fois par soir”.

Étant donné le manque de salles qui puissent pourvoir les rangs qui enflaient des adolescents de son public, ce concert à The Venue a fini par être la sortie du groupe la plus rapportée en date. D’une manière prévisible, Smash Hits a été très positif. “Au moment où Depeche Mode avait joué New LifeDreaming Of Me et le sympathique nouveau single, Just Can’t Get Enough, ses membres étaient dans leur second rappel bien mérité et avaient captivé pratiquement tous ceux qui se trouvaient à portée de voix”, Mark Ellen se répandait en compliments – y compris, il apparaissait sur le papier, un certain Mick Nicholls qui a été poussé à remarquer : “Derrière David, les synthés et les boîtes à rythmes font monter un chaudron de rythmes, et il n’y a pas une seule cheville ancrée dans la salle. Ceci continue pendant un moment, en passant par beaucoup de nouvelles chansons. La majeure partie est d’un niveau très élevé, autant que celui des tubes. Trois rappels dont un Price Of Love des Everly très classe et le public en veut encore. Depeche Mode est arrivé et cela sans la hype. Son album qui va suivre rentrera directement dans le Top 10. Pendant ce temps, ses membres grandiront et s’amélioreront, même si ces visages fraichement nettoyés prennent quelques rides durant le processus. On ne peut plus s’en passer ? Tu l’as dit, bouffi”.

Contrastez et comparez cela avec l’offre venimeuse suivante qui venait de Dave McCullough de Sounds, intitulé Depressed Mode : “Les membres de Depeche Mode sont terriblement gauches. Individuellement parce qu’ils ressemblent à des mémés et musicalement parce que les synthés et la tentative de swing pop ne prend jamais. C’est probablement New Life qui s’en rapproche. Ils tournoient et attirent l’attention sur les défauts de chacun. C’est une collaboration très froide pour une proposition très gelée… tout doit être écrasé, tôt ou tard. Dans le cas de Dep Mode, tôt, probablement”.

Barney Hoskyns, pendant ce temps, tentait de trouver une explication logique au charme de Depeche Mode : “À The Venue, le groupe est apparu très professionnellement comme une sorte de Kraftwerk pop anglais, et a été accueilli par un enchantement certain. Un compagnon a observé qu’on ne danse pas vraiment sur Depeche Mode en réponse au stimulus de ses machines”.

Opinions imprimées à part, à la surface, tout allait apparemment bien dans l’ascension continue de Depeche Mode. Vraiment ? Fait révélateur, quand Fletcher, Gahan et Gore, plus l’entourage intime de Depeche Mode, sont retournés en Grande Bretagne après le spectacle parisien du groupe le 29 septembre, Vince Clarke et sa petite amie Deb Danahay sont restés en arrière. Avec la pittoresque capitale française qui mettait une distance si nécessaire entre Vince et les réalités de la célébrité chez lui, le compositeur a confronté ses démons et est arrivé à une décision capitale : il allait rompre avec ce qu’il voyait comme source de malaise en quittant Depeche Mode.

“C’était quand j’en avais ras le bol, a confirmé Clarke. J’étais triste et ne voulait plus être dans le groupe”.

Deb Mann : “C’est un personnage très complexe, Vince – un homme très complexe. Il était aussi comme ça avec moi – on était ensemble, puis c’était fini. C’est juste comme ça qu’il est. Je ne sais pas s’il commence à se sentir claustrophobe avec les gens – les gens le rendent claustro et il ressent le besoin de se séparer un moment. Il était très impulsif”.

Le choix du moment de Clarke était impeccable. La date de sortie du premier album tant attendu de Depeche Mode était imminente et plusieurs salles avaient été réservées dans l’anticipation de la première vraie tournée britannique du groupe.

En revenant au Royaume-Uni, Clarke a d’une façon louable pris sur lui-même pour rendre visite à chaque membre pour les informer individuellement de son intention de quitter Depeche Mode. Tout aussi admirable a été sa décision de ne pas les planter totalement en acceptant de finir d’abord la tournée de la plus haute importance pour promouvoir l’album (ou, comme ses collègues se demanderont méchamment après son départ, d’accroître ses royalties de publication à lui).

Clarke a plus tard remis ses actions dans le contexte de l’époque : “Tout le monde était au plus bas à l’époque – tout le monde était en quelque sorte déprimé. J’y pensais [à quitter Depeche Mode] depuis longtemps. Je faisais la tête, comme je faisais toujours petit, parce que c’était comme ça que j’ai toujours manié les choses – en boudant, si je n’y arrivais pas seul. Ce n’était généralement pas agréable, tu vois ?”

Il a été décidé de manière sensée que tout communiqué de presse formel devra être reporté jusqu’à la date programmée de la fin de la tournée le 16 novembre 1981, d’ici là, les exemplaires de Speak & Spell seraient dans les bacs.

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En janvier 1981, Betty Page de Sounds avait exprimé une inquiétude à propos du fait que Depeche Mode soit critiqué pour son utilisation des boîtes à rythmes au lieu d’un batteur sur scène. Dave Gahan a rapidement riposté : “Je ne pense pas que ça arriverait aujourd’hui. Les bandes qu’on a maintenant sonnent comme une vraie batterie de toute façon. Je sais qu’Orchestral Manœuvres ont été descendus pour avoir utiliser une boîte à rythmes sur scène, mais le pire qu’ils aient fait a été de trouver un batteur. Ça a été vraiment mauvais après ça. On n’en a pas besoin d’un de toute façon – c’est juste une autre personne à payer !”

Mais compter sur des bandes avait son inconvénient. “Je me souviens d’un concert qu’on a fait où la bande s’est cassée en plein milieu du set, se rappelle Gahan. J’essayais frénétiquement de réparer la bande de manière à ce qu’on puisse démarrer la chanson d’après. Heureusement, j’y suis arrivé juste à temps et même si j’ai dû paraître un peu rouge et un peu inquiet, personne du public n’a semblé remarquer quelque chose”.

Dans une interview de 1982 avec One… Two… Testing, Andy Fletcher a confirmé ce qui se trouvait sur cette bande notoire : “Une ligne de séquence difficile à jouer, de la percussion ou quelque chose dont on ne peut obtenir le son qu’en studio, pas sur scène. Beaucoup pensent que tout est sur la bande, [et] qu’on fait juste que chanter ou mimer, mais ce n’est pas vrai. Depuis notre début, notre but n’était pas de paraître comme de bons musiciens”.

Selon Fletcher, c’est les restrictions sonores dictées par la mère de Vince Clarke qui ont formé la composition du groupe à trois synthés conduits par une boîte à rythmes : “Quand on a commencé à répéter, utiliser un batteur n’était pas pratique à cause du bruit et du manque de place. Alors on a utilisé diverses boîtes à rythmes, qui étaient toutes affreuses ! La première ressemblait à l’une de celles qu’ils mettent sur les orgues. Elle comprenait la rumba, la salse, le rock et la valse. Toutes les boîtes à rythmes qu’on a essayé [avaient] leurs limites, mais aujourd’hui, on préenregistre toutes les boîtes à rythmes et on les joue aux concerts. On n’utilise pas du tout de boîtes à rythmes aujourd’hui”.

Dave Gahan : “On a essayé de les informatiser [les sons de batterie] mais ça ne marchait pas. Alors aujourd’hui on utilise nos propres bandes”.

Si on doit se fier à la photographie principale – prise possiblement durant l’une des diverses performances du groupe à Top Of The Pops en 1981 – qui accompagnait la double page de Sounds consacré à Depeche Mode, Gahan aurait bien pu se référer à la boîte à rythmes Movement (en partie visible à l’arrière plan). (3)

Plus tard, quand il a parlé à One… Two… Testing, il est devenu clair que le sujet de la brave tentative de Gahan au jargon technique était effectivement la boîte à rythmes numérique Movement. “Le gars qui faisait la programmation [de la boîte à rythmes numérique Movement] pour nous a pris le son de grosse caisse de l’ARP [2600] et a dit qu’il pouvait faire que le Movement sonne exactement comme ça. Mais quand il est revenu, ce n’était pas du tout comme ça. On reste fidèles à la ‘célèbre grosse caisse de [Daniel] Miller’. Elle possède vraiment un côté lourd et sourd, un vrai fond, bien meilleur que toutes les boîtes à rythmes”.

Le sujet de la batterie est resté une sorte de question épineuse chez Depeche Mode.

Andy Fletcher : “On essaye toujours de trouver une boîte à rythmes pour s’y associer, et Vince est aussi branché par ça. Il collectionne les synthés. C’est un passe-temps cher”. Peut-être que Andy laissait entendre de manière subliminale que l’errant Clarke projetait déjà une sorte de vie musicale en dehors de Depeche Mode ?

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Peu importe ce que l’avenir avait ou pas en réserve pour Depeche Mode, l’implication claire de la conversation de Martin Gore en novembre 1981 avec Sounds était que les synthétiseurs allaient continuer d’être présents de manière proéminente. À un moment, Gore a cité Daniel Miller en disant : “Si tu as de réelles bonnes idées dans la tête, tu dois être un bon musicien pour les exprimer. Mais un synthétiseur aide beaucoup ! Les musiciens rock disent que tu ne peux t’exprimer avec un synthétiseur. Ils disent qu’il n’a pas d’âme. Mais y’en a-t-il dans le fait de donner de grands coups à une guitare ? Tous les riffs de heavy metal se ressemblent de toute manière”.

Andy Fletcher : “Nous n’avons rien contre les guitares, et on en a jouées dans le passé. Il se peut qu’on expérimente avec les guitares un jour, mais c’est tellement plus facile avec un synthétiseur. Il y a beaucoup de bonne musique à guitare en ce moment mais tu dois vraiment bien savoir te servir d’une guitare”.

Dans Jackie, Dave Gahan s’impatientait de parler de l’album à venir : “C’est le test d’un nouveau groupe. Si le premier album se vend, tu es sur la bonne voie. On pense que ce sera le cas, cependant, parce que les gens d’aujourd’hui veulent de la musique pour danser dessus et notre but, c’est de leur en donner”.

Pourtant, plus tard, lorsque Sounds lui a demandé si Just Can’t Get Enough était entièrement représentatif de ce à quoi il fallait s’attendre, le chanteur a ajusté sa réponse en conséquence : “Il est bien plus varié. Si un morceau passait à la radio, vous ne seriez pas capable de dire : Oh, c’est Depeche Mode”.

Comme prévu, quand Speak & Spell (possiblement intitulé ainsi en hommage inconscient à l’album Computer World de Kraftwerk) est finalement sorti le 29 octobre 1981, pas une guitare ne se faisait entendre. Cette même semaine, Paul Morley a choisi de chroniquer simultanément le dernier LP en date d’OMD, Architecture & Morality. L’album des Liverpuldiens a manqué d’impressionner avec ce que Morley avait nommé “des hymnes innocents à la gloire tombante, des désirs ardents d’ordre, d’études d’immensité solides comme le roc et le sens du caractère sacré dans le temps et l’espace”.

Il était bien plus charitable envers Speak & Spell : “Là où Orchestral Manœuvres est moralisateur et finalement peu substantiel, Depeche Mode est original, agaçant et réjouissant… La pop acidulée sans guitare de Depeche Mode est cohésive et souple : insinuante, bien soulignée, ternie par d’aucune pensée sérieuse de conditions historiques ou d’examens de charisme… Je fais assez confiance à l’esprit et à la ruse du groupe pour suggérer qu’il suivra Fad Gadget, le mentor [Daniel] Miller, Peter Baumann [ex-Tangerine Dream] – experts en ironie, absurde et parodie – plutôt qu’il ne se transformera en maniaques de religion”.

À la lumière de cela, certaines chansons de Vince Clarke – y compris New Life – auraient pu être décrites comme insensées, sinon poids-plume.

D’un autre côté, d’après Deb Mann, au moins deux des contributions de Clarke sur Speak & Spell avaient une signification. On suppose que Puppets provenait de l’expérimentation de Vince avec les drogues. De manière similaire, avec son refrain à la lourde harmonie style années 1950 d’une répétition contagieuse, What’s Your Name ? aurait pu être interprété comme un coup de patte à la distorsion dans le Daily Mirror de Rick Sky. Derrière ces arrangements vocaux réalisés avec art, Vince Clarke était toujours piqué au vif…

Andy Fletcher : “C’était supposé se payer la tête de la routine du culte – un vrai air pop, un des derniers que Vince [Clarke] n’ait écrit pour le groupe. À l’époque, il était très désillusionné par la routine [pop] et le fait d’être un personnage public”.

S’ajoutant à la réaction positive de la presse à l’album, un des Sun a donné à Speak & Spell la note maximale de “cinq étoiles” : “Une bonne écoute de leur premier LP révèle l’intelligence derrière la simplicité. L’ensemble s’ouvre avec New Life et se referme avec Just Can’t Get Enough, formule très soignée. Entre les deux se trouvent huit chansons scintillantes et un instrumental, beaucoup de choses à admirer et peu de choses déçoivent… What’s Your Name ? saute à juste titre hors du vinyle pour se proclamer “Le Prochain Single”. Des chœurs bubble-gum effrontés donnent du zest au refrain d’un entraînement insensé : c’est un tube monstre infaillible… Photographic – comme Numan à son apogée, mais en mieux, toutes les expressions sinistres, à la fois lyriques et musicales, mais avec un rythme rapide dansant au lieu de la solennité que Gazza tartine toujours avec une truelle pailletée”.

Avec un petit groupe de chroniques positives assurant les ventes de l’album, le groupe allait s’embarquer dans une tournée nationale en compagnie d’un compositeur résolument malheureux qui allait déserter le navire.

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(1) Quand on lui a posé la question si la chanson en question aurait pu possiblement être une version en progrès de leur prochain single, Vince Clarke a déclaré : “Non. Let’s Get Together remontait à ma période chrétienne”. Le mystère s’épaissit quand une ressource en ligne non officielle a déclaré que Let’s Get Together était une première chanson de Depeche Mode écrite par Vince Clarke, diffusée une fois dans une “émission de la BBC” alors que Dave Gahan évoquait ses souvenirs des années formatrices du groupe. 

(2) Tandis que Dave Gahan a fait une contribution vocale symbolique, Martin Gore et Andy Fletcher étaient apparemment en vacances à l’étranger. 

(3) La Movement a été une des premières boîtes à rythmes numérique de construction allemande, avec la plus populaire LM-1 de Linn – qui possédait des enregistrements numériques de vrais sons de batterie – mais avec l’ajout d’un VDU (Visual Display Unit – écran de visualisation) pour faire passer l’ennuyeux processus de programmation. Ce pourrait être la même machine à laquelle Vince Clarke pensait lorsqu’il a fait son commentaire Space Invaders ironique par rapport au décor scénique pour Computer World de Kraftwerk. 

Traduction – 19 juillet 2005

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