Stripped – Chapitre 29

De l’éxode à Ultra

“La meilleure chose qui soit arrivée à Dave était son arrestation. Ils l’ont forcé à aller en désintox et lui ont dit que s’il ne devenait pas clean, alors il serait viré des États-Unis, et je pense que son amour de l’Amérique, et son désir d’être capable d’y travailler et y vivre autant qu’il le voulait – plus il s’est brusquement rendu compte de l’impact que tout avait sur le groupe – l’a aidé à traverser ça”.
– Daniel Miller, 2001

Avec Gahan déguisant avec dextérité sa dépendance – Depeche Mode ont persévéré avec leur projet d’album toujours sans titre, finissant une seconde période d’enregistrement intensif à Eastcote en avril. Comme l’a rapporté BONG: The Official Magazine Of Depeche Mode, “Ils doivent commencer une autre période d’enregistrement, de plusieurs semaines, plus tard ce mois-ci [avrl 1996], et après ils prendront leurs vacances d’été. Durant cette période, Martin écrira plus de nouvelles chansons avant qu’ils ne retournent en studio pour la dernière période d’enregistrement”.

Les choses ne se sont pas passées sans incident quand Depeche Mode ont décampé à New York à l’insistance de Gahan, qui caressait l’idée de déménager dans la “Big Apple” quittant l’appartement de Santa Monica qu’il louait à Los Angeles (ayant depuis vendu sa maison d’Hollywood). Mais le progrès aux légendaires studios Electric Lady (ouverts par Jimi Hendrix) au 52 West 8th Street au cœur du Greenwich Village a été entravé par les exploits du chanteur.

Andy Fletcher : “On a eu six semaines très décevantes à New York avec le chant de Dave”.

Daniel Miller a développé : “L’une des crises qui a vraiment frappé ce projet en plein milieu a été [quand] on est tous allés à New York, parce que Dave voulait le faire à New York. Il n’était pas dans un état physique ou émotionnel pour chanter, et c’était en quelque sorte un point de crise”.

Il était désormais évident comme le nez au milieu de la figure que la consommation de Dave de substances illicites était loin d’être sous contrôle. De manière décevante, la session de six semaines à Electric Lady n’a produit qu’un chant utilisable (Sister Of Night), et même celui-ci a été assemblé de plusieurs prises.

Dave Gahan : “Le seul chant sur l’album que j’ai enregistré à Electric Lady – le seul chant que j’ai fait camé – c’était Sister Of Night. Je peux entendre combien j’étais terrifié. Je suis content qu’il soit là pour que je me rappelle”. Même si le chanteur a déclaré que c’était sa chanson préférée du dernier lot de Gore, les choses devaient clairement bouger si le travail sur l’album allait continuer avec du succès.

Dans de telles périodes de crise, on appelait habituellement Jonathan Kessler à la rescousse. “On était arrivés à un point où on ne pouvait pas prendre de décisions en réunion de groupe, parce que ça se terminait toujours en bagarre”, a admis librement Martin Gore. “On avait tous des ordres du jour différents ; personne n’était prêt à écouter le point de vue des autres. C’est arrivé à un point où notre manager [Kessler] venait tous nous voir individuellement pour obtenir notre opinion, puis faisait le tour dire à tout le monde ce que tout le monde pensait, puis prenait une décision avec tout ça !”

Les talents de négociateur de Kessler qui s’étaient profondément développés ont été mis à l’épreuve. Une pause de trois mois a été acceptée par tous, durant laquelle Gore écrirait plus de chansons. Au crédit de Gahan, il a accepté de travailler avec un coach vocal, Evelyn Halus, à Los Angeles, avec le projet d’enregistrer plus de chant avec Tim Simenon aux studios Larrabee West au 8811 Santa Monica Boulevard, dans les environs généraux de son appartement. Durant une interview avec la radio de Los Angeles KCRW FM le 22 mai, Simenon a dit que Depeche Mode étaient en pause de trois mois et qu’ils avaient “travaillé” sur sept nouvelles chansons jusqu’à présent.

Dave Gahan : “Il y avait toujours la flamme en moi qui voulait faire [le] disque, mais physiquement je n’y arrivais juste pas. J’ai rechuté plusieurs fois, et après avoir arrêté à New York, je suis retourné à LA et j’ai repris mes vieilles habitudes. avant de partir, j’ai dit à ma copine à New York – je l’ai rencontrée en désintox, elle est clean [depuis] cinq ans et elle a joué un grand rôle pour m’aider à admettre que je ne pouvais plus faire ce que je faisais avec succès… bref, alors que je partais, elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit, Tu vas te shooter et j’ai répondu, Ouais. Elle a dit, Tu n’as pas à faire ça et j’ai répliqué Si. Et je suis allé à LA et j’ai eu la pire défonce que je n’ai jamais eue”.

Martin Gore : “Il n’y a pas grand chose qu’on puisse faire pour quelqu’un qui atteint cet abysse, qui n’est pas vraiment intéressé par être aidé. C’est un vieux cliché, mais c’est vrai que tu dois vouloir t’aider toi-même. Après toutes les frustrations à New York, on aurait facilement pu dire, Pourquoi on ne laisse pas tout tomber ? Mais non. On a dit, Va-t’en ; prend un coach vocal ; remet toi en forme, et on se reverra. Je ne sais pas ce qu’on aurait pu faire d’autre. Je me souviens que quelqu’un a dit [quelque chose] à propos d’aller à LA pour le surveiller, mais ça n’aurait pas marché, parce que Davec était juste sournois à ce moment. Si je m’étais installé chez lui, ça l’aurait probablement poussé à bout, de toute façon”.

Comme un papillon attiré par une flamme, Gahan a été attiré à nouveau par le Sunset Marquis Hotel, avec des résultats prévisibles dans leur conclusion quasi-fatale.

Dave Gahan : “Je consommais en intraveineuse, mais ça n’avait pas marché depuis deux ans, alors à ce moment-là, je mélangeais l’héroïne avec de la cocaïne, et je l’utilisais tant que je ne pouvais remplir l’aiguille en entier. La dernière fois que je l’ai fait, je savais que quelque chose n’allait pas et j’ai demandé à mon ami de ne pas remplir l’aiguille. C’est une longue histoire, mais j’ai fait une crise cardiaque”.

La nouvelle de l’overdose quasi-fatale de Gahan s’est répandue rapidement avec le Los Angeles Times rapportant une déclaration de l’inspecteur Steven Weisgarber du département du Los Angeles County Sheriff : “Les adjoints et secours qui ont répondu à l’appel d’une overdose au Sunset Marquis Hotel ont trouvé Gahan évanoui sur le sol d’une chambre d’hôtel à 1h15 du matin [le 28 mai]. Les autorités ont trouvé des seringues dans la chambre et pensent que Gahan se soit injecté une speedball – mélange intraveineux de cocaïne et d’héroïne. Les gens qui étaient avec lui et qui ont appelé à l’aide ont dit qu’il avait perdu connaissance 10 minutes après s’être drogué”.

De retour au Royaume-Uni, la nouvelle du malheur de Gahan n’a pas été un choc pour Andy Fletcher. “À ce moment-là, si j’avais eu un coup de fil qui disait qu’il venait de mourir, je n’aurais pas été surpris”.

Martin Gore : “Je n’ai cru que deux fois que Dave était mort, ce qui n’est pas si mal. Si tu reçois un coup de fil de ton manager ou quelqu’un d’autre qui te dit, J’ai besoin de te parler de Dave ; quelque chose de grave vient de se passer, ta première pensée, c’est Bon Dieu ; ça y est ! Mais normal, quoi, pour Dave”.

Non seulement Gahan avait pris une “speedball”, mais l’héroïne qu’il prenait dans son cocktail narcotique potentiellement fatal était d’une nature extrêmement pure.

Dave Gahan : “C’était une sorte particulièrement forte nommée Red Rum. Bien sûr, je pensais juste que ça se référait au cheval de course, jusqu’à ce que quelqu’un remarque que ça veut dire murder à l’envers”.

Dans un scénario qui rappelait douloureusement sa soi-disante tentative de suicide au même hôtel en août 1995, le chanteur affligé a été emmené au Cedars-sinai Medical Center proche, où il a été soigné pour overdose et relâché en garde à vue.

Dave Gahan : “Je me suis réveillé dans un hôpital en entendant l’un des pompiers qui disait, Je crois qu’on l’a perdu. Je me suis assis en disant, Non, putain de merde ! Mais j’avais eu l’arrêt cardiaque total ; mon cœur s’était arrêté pendant deux minutes. J’avais été mort, en gros. Plus tard, un inspecteur m’a lu mes droits, et j’ai été arrêté pour possession de cocaïne et aiguilles. J’ai été menotté à un brancard. Depuis l’hôpital, ils m’ont jeté en cellule pendant deux nuits avec sept autres gars – une expérience flippante”.

Ayant été effectivement arrêté (selon l’inspecteur Weisgarber “pour investigation de possession de cocaïne et être sous l’influence d’héroïne”, Gahan a été emmené au commissariat de West Hollywood au 720 North San Vicente Boulevard où la caution a été placée à 10 000$. Même s’il a été rapporté que le chanteur n’était pas sorti à 8h le lendemain matin, Jonathan Kessler a accompagné la sortie du commissariat d’un Gahan au look débraillé où un chapelet de reporters de télévision l’attendait.

Réduisant au silence son manager qui protestait, les commentaires de Gahan pour les caméras étaient fragmentés, se finissant sur ce qui semblait une note optimiste : “Je suis accro à l’héroîne, et je me bats depuis un an pour décrocher. J’ai été deux fois en désintox, et je ne veux pas être comme des gens comme Kurt [Cobain]. Je veux être un survivant… Je veux dire, je suis mort à nouveau hier soir. Mes neuf vies de chat sont épuisées. Je veux juste dire pardon à tous les fans et tout. Je suis heureux d’être vivant… et pardon à ma mère aussi. Je veux juste qu’ils sachent que ce n’est pas cool. Ce n’est pas cool d’être camé. Tu es esclave, et ça m’a enlevé tout ce que j’aime, alors je dois reconstruire ma vie”.

Tristement, toutes actions positives que le chanteur pourrait avoir nourries durant le temps qu’il a passé derrière les barreaux ont été rayées en un instant : “Dès que je suis sorti sous caution, j’ai eu ce dont j’avais besoin, je suis allé prendre une chambre au [Sunset] Marquis et j’ai continué quelques jours jusqu’à ce que je commence brusquement à penser, Mais qu’est-ce que je fous, bordel ? Je suis mort ! Je suis retourné dans la maison que je louais à Santa Monica, je me suis assis sur le canapé et je me suis rendu compte que j’allais nulle part”.

Nulle part – ou, l’oubli, comme l’a représenté impitoyablement le Sunday Times, sous le gros titre de “Despair Mode” le 9 juin. Avec le recul, Andy Fletcher a été déconcerté qu’une publication aussi intellectuelle s’intéresse aussi activement à Depeche Mode : “On a eu plus de presse sur [la tentative] de suicide de Dave et son overdose que n’importe quand de toute notre carrière. On a eu une double page dans le Sunday Times ! Si on aurait essayé d’y passer pour notre musique, on n’aurait eu aucune chance…”

* * *

Rapidement, le groupe s’est lassé d’un intérêt aussi morbide. “Ils veulent juste parler de drogue, surtout la presse anglaise”, s’est plaint Martin Gore à Caroline Sullivan. “Ça me déprime vraiment de penser Ça va toujours être comme ça. C’est tout ce dont ils parleront toujours”.

La journaliste du Guardian a sympathisé avec le sentiment du malheureux compositeur – dans une certaine mesure. “Compréhensible, a-t-elle écrit, mais pas complètement juste envers la presse, qui face au spectacle d’un groupe qui vend 30 millions de  disques qui fait de son mieux pour s’auto-détruire ne pouvait à peine l’ignorer”.

Même l’animateur de KROQ qui les soutenait normalement n’évaluait pas les chances du groupe de finir leur travail en cours. “Depuis janvier [1996], la maison de disques nous dit qu’ils ont enregistré quatre oou cinq chansons, et que l’album sortira en juin ou juillet. Mais maintenant, ils ont repoussé la date en février 1997, et je doute qu’ils le fassent. Le groupe marche sur des œufs. Le prochain album, ça passe ou ça casse”.

Avec le recul, Daniel Miller a aussi admit avoir souffert d’anxiété à propos du futur de Depeche Mode comme entité musicale fonctionnelle : “Personne ne pensait qu’ils allaient réussir à faire cet album. Même moi, pour la première fois, je n’étais pas sûr qu’ils allaient y arriver. Je sentais qu’il y avait de bonnes chances, mais j’ai commencé à avoir des doutes, à cause de ce qui se passait”.

Le propre magazine de Depeche Mode, BONG, s’est pressé de dédramatiser le caractère peu prometteur de la situation en écrivant : “Dave a été arrêté le 28 mai et doit apparaître au tribunal le 18 juin. Nous n’avons rien à ajouter aux nouvelles, et il serait incorrect de notre part de faire des commentaires avant son audition. Certains ont demandé si cet incident retardera la sortie de l’album, et on ne voit pas de raison que cela soit le cas. Le groupe a toujours prévu de faire une pause de toute manière. Ayant dit cela, il semblerait qu’il n’y ait aucune nouvelle chanson avant 1997”.

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Au moment de l’arrestation de Gahan après son overdose du 28 mai, Daniel Miller considérait si oui ou non une fin prématurée de Depeche Mode était désormais en vue – “en partie”, a-t-il raisonné, “à cause des dommages que Dave se faisait, et aussi à cause du reste du groupe qui était de plus en plus frustré également. Alors qu’ils étaient très compatissants envers les problèmes de Dave, et compréhensifs, ils ressentaient aussi que cela commençait à perturber leurs propres vies dans une telle mesure où si cela avait continué plus longtemps, il aurait été très difficile pour le groupe de rester ensemble”.

Martin Gore : “Bien sûr, on s’inquiétait de la santé de Dave. L’une des principales considérations pour moi était si ce n’était pas mieux pour Dave qu’on mette fin au groupe, parce que les pièges – l’accès à tout ce qu’il voulait – ne lui faisaient évidemment pas du bien”.

Il était temps d’une intervention extérieure pour Depeche Mode. “Notre manager, Jonathan Kessler, a appelé et m’a dit qu’il y avait une réunion avec mon avocat à propos du fiasco, a raconté Dave Gahan. Mais quand je me suis pointé, il s’est avéré que c’était une intervention totale. Un spécialiste de LA nommé Bob Timmons était là. Il a travaillé avec beaucoup d’accros dans le divertissement.

“Ils ont tous dit, Tu vas en désintox, maintenant. J’ai répondu, Même pas en rêves. Ils ont dit, Si si. J’ai répliqué, D’accord, demain – en pensant que je pourrais rentrer chez moi et faire ma cuisine avant d’y aller. Mais ils ont sorti, Non, maintenant. J’étais là, Ce soir ? — Non. J’ai demandé, Deux heures ; il faut que j’appelle ma mère. Ils m’ont laissé faire. Jonathan a dit qu’il viendra me chercher. Je suis rentré chez moi, [pris] ma dernière dose, fait ma dernière fête et je suis entré en désintox”.

Le 6 juin 1996, le chanteur piégé a été envoyé à Exodus Recovery, le même hôpital psychiatrique californien de Marina del Rey où Kurt Cobain avait commencé un traitement de désintoxication le 28 mars 1994, avant d’en sortir et de se suicider tragiquement huit jours plus tard.

Les addictions de Cobain, son mal-être envers son statut de célébrité, ses disputes domestiques et les démons personnels d’angoisse qui ont mené à son décès avaient l’air vrai pour Dave Gahan, qui s’occupait (sans succès) de problèmes similaires. Ayant admis avoir passé la moitié du temps dans un placard dans son appartement loué de Santa Monica avec les rideaux fermés au ruban adhésif, il est entré à Exodus Recovery au 4644 Lincoln Boulevard, à Marina del Rey, institution avec les pieds sur terre et une réputation de prison. Selon Dave, l’attitude de Martin Gore n’a pas aidé les choses juste avant : “Il m’a appelé juste avant que j’entre à Exodus et il était en colère contre moi. J’ai raccroché en larmes, parce que je me suis rendu compte, Merde, ils s’en foutent royalement de moi ; c’est le fait qu’il pourrait ne plus avoir de Depeche Mode”.

Bien que ce soir compréhensible, l’évaluation de Gahan du point de vue de son collègue a trop schématisé en quelque sorte les choses. “On a été très compatissants pendant un long moment”, a dit Gore à Glyn Brown de The Independent un an après l’entrée du chanteur à Exodus Recovery.

Dave Gahan : “Tout s’est arrêté en grinçant ; Martin m’a appelé quand je suis rentré à Los Angeles après tous les problèmes et tout, et il a dit, Devons-nous tout arrêter ? Et j’ai répondu, Mart, c’est juste tellement pas important pour moi là maintenant. Ce ne l’était pas pour moi à l’endroit où j’étais.

“Mais j’ai pris la décision de tenter le tout pour le tout, et j’ai été chercher des conseils chez les gens pour la première fois – pas juste au sein du groupe, mais avec ma vie personnelle et tout. J’ai en fait commencé à écouter des gens qui me disaient que je ne pouvais plus faire ça – des gens comme Jonathan, mon manager. Je savais que ça allait être une lutte ; je savais que ça allait être la chose la plus dure que j’aurais jamais fait de ma vie”.

Daniel Miller défendait les actions de Gore : “Voilà que vient un moment où tout le monde dit, D’accord, c’est venu au point : toi ou le groupe. Mais, vraiment, la réalité, c’est que la chose qui a fait que Dave a lâché [la drogue], c’était le fait qu’il s’est pratiquement tué, et le système légal américain a dit qu’il n’aurait pas de Green Card ou qu’il ne serait pas autorisé à revenir dans le pays à moins qu’il aille en désintox et se soumette à des examens pendant deux ans. À la fin, son désir, avant tout, de ne pas être viré de l’Amérique et la compréhension de ce qu’il se faisait ont forcé la question”.

À Exodus, entre les crises, Gahan s’est désintoxiqué, petit à petit et dans la douleur. Juste au moment où l’homme de 34 ans se préparait à sortir en préparation de son audition au tribunal, une autre célébrité accro a été poussée de force dans la même institution par un autre tribunal – à savoir, Robert Downey Jr., 31 ans. L’acteur indiscipliné avait erré dans la maison de Malibu Beach du magnat de l’édition Bill Curtis, sous l’impression que c’était chez lui, et a été retrouvé inconscient dans l’une des chambres, ranimé par des urgentistes et prestement arrêté. À la différence de Dave Gahan, Downey Jr. aura des problèmes pour rester du bon côté de la loi, et, peut-être de manière plus importante, à rester clean, après sa “désintoxication” à l’Exodus Recovery à Marina del Rey.

Heureusement pour Gahan, le court traitement vif de choc avait fonctionné. “Ça a changé toute ma manière de penser”, a-t-il dit à Phil Sutcliffe en 1999. “J’ne avais marre de blesser tout le monde autour de moi. Je ne voulais pas perdre mon fils. Je ne voulais pas qu’il grandisse en se demandant pourquoi son père s’était tué. Il y avait de l’espoir. Je pouvais changer. Je pouvais avoir le choix. La seule chose pour laquelle je n’ai pas le choix, ce sont mes sentiments… ils viennent et partent, mais c’est difficile à gérer quand tu prends de la came depuis longtemps. Tu les bloques tellement longtemps et ils reviennent comme un train de fret”.

Quelqu’un a une fois traité le leader de Depeche Mode, “Gahan le Bavard”. C’était une description appropriée, car Gahan s’est fait attaqué de toutes parts à cause de sa franchise à propos de ses problèmes.

Alan Wilder : “En général, je dois m’accorder sur le fait qu’il y a quelque chose d’indigne dans le lavage de linge sale en public – ce n’est pas mon style – et je ne pense pas vraiment que beaucoup de personnes veulent écouter de riches pop stars qui geignent à propos de combien il est difficile de survivre à leurs vies privilégiées. Cependant, il y a des cas où il est nécessaire d’être absolument honnête sur une situation, et, dans une certaine mesure, de se rabaisser afin de confronter les dommages qui ont été faits. Si cette sorte de confession a été thérapeutique pour Dave, alors ce n’est peut-être pas une si mauvais chose que cela”.

Clairement, le rétablissement serait un processus en cours, mais avant que Gahan puisse saisir sa nouvelle vie, il devait répondre aux autorités.

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Après la période de rétablissement de quatre semaines à Exodus, Gahan s’est installé dans une soi-disant “maison de sobriété” à Los Angeles qui lui a donné plus de flexibilité pour travailler sur ses projets musicaux à venir – dont l’album de Depeche Mode qui créait des divisions qui avait été mis en veilleuse, en attendant l’issue de l’audition du chanteur le 18 juin. Les choses se sont encore plus compliquées quand le bureau du procureur de LA a demandé une investigation plus approfondie des charges liées aux drogues de Gahan, qui, selon un porte parole du procureur, n’étaient “pas un fait rare”.

L’audition de Gahan à Beverly Hills a été reprogrammée le 9 juillet, où l’accusé a plaidé non coupable des accusations de possession de cocaïne et être sous son influence. Le 10 juillet, le fan club de Depeche Mode a tenu les fans informés des développements via le site web naissant de Mute Records “Liberation Technologies” : “Son affaire a été continuée jusqu’à la fin du mois de juillet, pour plus de procédures. La cour a également ordonné que Dave demeure dans le programme de traitement contre la drogue dans lequel il est entré peu après sa sortie de garde à vie”.

Le fan club a aussi spéculé quant à ce que pourrait réserver l’avenir pour Gahan : “Il est anticipé que Dave sera déferré au département de la liberté conditionnelle lors de sa prochaine apparition devant la cour, pour s’enrôler dans un programme de diversion, qui impliquera un traitement contre la drogue continué et une réhabilitation pendant un an. Dans ce cas, Dave aurait alors toutes les charges contre lui rejetées, après la réalisation avec succès du programme”.

Dans l’état des choses de l’époque, la déclaration du fan club était tout à fait exact, comme ils ont été trop heureux de transmettre en ligne le 1er août : “Dave est apparu à la cour à nouveau le 30 juillet, et, comme nous l’avions anticipé, il a été déferré au département de la liberté conditionnelle, avec qui il aura un entretien concernant son enrôlement [dans] un programme de diversion. Du moment que Dave finit sa désintox, toutes les charges contre lui seront abandonnées. Pendant ce temps, Dave a aussi été en studio à Los Angeles, à travailler sur son chant avec Tim Simenon.

Avec cette bonne nouvelle, Martin Gore a été poussé à écrire plus de chansons en préparation de la rentrée du groupe en studio d’enregistrement prévue pour la fin août.

Andy Fletcher : “Dave est devenu bon à la fin. Il a abandonné les drogues et l’alcool, [et] a fait son chant. Il s’est retapé, en gros”.

Néanmoins, l’album problématique sera une affaire laborieuse, s’étendant sur 15 bons mois du début à la fin. En octobre, le fan club de Depeche Mode a rapporté que le groupe était toujours en studio à Londres et “enregistrera et mixera jusqu’à Noël, sauf pendant une pause à la fin du mois de novembre, quand ils tourneront un clip pour le prochain single, qui sortira en janvier [1997]”.

Ultra, comme l’album s’appellera à sa sortie en avril 1997, impliquait plusieurs équipement d’enregistrement de Londres durant ses dernières touches, dont les sessions de mixage (présidées par le producteur Tim Simenon et l’ingénieur du son Q) dans le complexe d’enregistrement Sarm West de l’excellent producteur Trevor Horn situé dans la Basing Street de l’Ouest londonien, et les studios Abbey Road de EMI.

Selon un porte-parole, le groupe a sauté sur l’occasion de travailler dans l’environnement d’enregistrement sanctifié après le départ acrimonieux d’Oasis en plein milieu de disputes avec d’autres artistes et managers de studio. “Le titre [Ultra] rentre vraiment bien dans notre nouvelle composition”, a commenté Martin Gore au sein de Abbey Road. “On a perdu un membre en cours de route, et maintenant c’est la nouvelle version réduite améliorée”.

Le collaborateur de l’Ancienne Mode, Gareth Jones, a été appelé pour être l’ingénieur du son des chants additionnels sur Home (joliment chanté par Gore – sur un fond d’envolées de cordes arrangées par le programmateur David Clayton, et orchestrées et conduites par Richard Niles), The Love Thieves et Freestate (menée capablement par un Gahan rajeuni) aux RAK Studios à St John’s Wood dans le Nord Ouest londonien. Jones a également assisté Simenon sur le mixage des deux instrumentales de l’album – Uselink (sur laquelle Daniel Miller a été crédité comme “apparaissant” sur un système modulaire Roland System 700) et Jazz Thieves.

D’autres acteurs secondaires additionnels incluaient une multitude d’assistants de studio (dont un certain Paul Hickey, compagnon de longue date du chanteur d’Erasure, Andy Bell) et des musiciens extérieurs, dont les batteurs Gota Yashiki et Keith Le Blanc ; le bassiste Doug Wimbish ; les percussionnistes Victor Endrizzio, Danny Cummings et Jaki Liebezeit (des rockeurs progressifs Can) ; et le joueur de pedal steel guitar, BJ Cole.

Gore a été particulièrement flatteur à propos des contributions distinctives des deux derniers : “Un morceau comme The Bottom Line est un morceau country. Même quand la démo a été finie, la manière dont les mots roulent a ce côté country en soi. Alors on a eu l’idée de prendre ce joueur de pedal steel [BJ Cole] pour améliorer ça, mais en même temps, il y a d’autres influences dessus. On a utilisé Jaki Liebezeit de Can, qui a joué de la percussion sur ce morceau, et il y a certaines vibrations qui se passent qui lui donnent ce côté lounge bizarre aussi. On jette toutes ces influences – ce qu’on aime – dans le mixeur, et ça sort comme cet étrange hybride à la fin qui est capable en quelque sorte de s’appeler Depeche Mode”.

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Peu importe le succès qu’avait estimé le compositeur du résultat, l’enregistrement d’Ultra avait été sans aucun doute un long voyage et une épreuve pour tous ceux impliqués. “Perdre pratiquement un chanteur ; ça ne m’est jamais arrivé avant”, a lancé malicieusement Tim Simenon au NME. En privé, le producteur ne souriait pas et confiait s’être senti “foutu” à la fin du très long processus de production. “J’ai continué à travailler jusqu’en janvier et février, ce qui était la pire chose que je n’ai jamais faite, a-t-il dit. Je me suis pratiquement écroulé. J’ai commencé à me sentir vraiment malade. Alors j’ai fait une pause et j’ai pris quelques mois de congés. J’étais juste mentalement et physiquement épuisé”.

En mars 1997, durant la promotion de Ultra, Andy Fletcher a plaisanté avec le journaliste hollandais René Passet : “Après l’album Tim a souffert de ce qui est connu sous le nom de DPA : dépression post-album !”

Mute Records et Depeche Mode avaient tous de gros enjeux liés au succès à venir du projet coûteux.

Daniel Miller : “Ultra, en termes d’enregistrement de l’album, c’était un groupe qui tombait en miettes, mais je pense que l’album en lui-même, c’est un groupe qui essaie de trouver où il va sans Alan. Si tu écoutes l’album, tu n’entends pas nécessairement les problèmes ; je veux dire, il y a Barrel Of A Gun, qui a été fait après les problèmes. Je pense que Dave a en quelque sorte trouvé une nouvelle voix, ce qui faisait partie de son rétablissement”.

Dave Gahan : “Au lieu de juste chanter les chansons, et d’interpréter ce qu’avait fait Martin, et juste [faire] quelque chose qui lui plairait, faire plaisir au producteur et tout le monde – à part moi, j’ai pu chanter avec mon cœur…

“Le reste de l’enregistrement de l’album m’a en fait donné une sorte de [but] – je voulais ranimer la relation avec mon fils”.

À en juger des commentaires suivants faits à Phil Sutcliffe de Q en 1999, il semblait que Dave Gahan, le père, avait finalement trouvé ce qu’il cherchait. “Ce qui est fantastique maintenant, c’est de passer quelques jours avec Jack. Être là – vraiment être là. Hier soir à l’hôtel, je l’ai entendu gémir, et je suis allé dans sa chambre, je suis rentré dans le lit avec lui et je lui ai fait des câlins, et il s’est rendormi. Il y a six mois, je n’aurais pas pu faire ça. Je n’aurais pas voulu – à cause de la culpabilité et la honte que j’avais pour moi”.

Daniel Miller : “Je pense que le fait qu’ils aient fait cet album a été un choc pour tous les proches du groupe – et pour les médias, qui suivaient le groupe”.

Andy Fletcher : “Je pense que pour la musique parfois tu dois souffrir pour ton art. Et on a vraiment souffert pendant cette période, mais on a appris la leçon – dans une certaine mesure. On a [sorti] un album, Ultra, qui est à notre avis un de nos meilleurs albums”.

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Comme Alan Wilder avait révélé, il y avait des désaccords durant sa tenure das Depeche Mode à propos du single le plus approprié à sortir en  avance d’un nouvel album studio. Ultra n’était pas différent à cet égard, puisque It’s No Good a été écarté en faveur de Barrel Of A Gun. “On pensait que c’était bon de revenir avec un morceau plus dur”, a dit Andy Fletcher à René Passet.

Avant sa sortie, Dave Gahan a dit au magazine BONG : “La [chanson] la plus innovante, en termes de ce qu’on ait fait, c’est Barrel Of A Gun. Elle ressemble le moins à tout ce qu’on a fait ; elle nous a étendus, et moi, sur le plan vocal”.

Andy Fletcher : “C’est assez bizarre, parce que les gens attendent qu’il soit en quelque sorte représentatif de l’album. Mais ce n’est pas un album dur ; il est assez doux”.

Dès le moment où la chanson s’installe dans son groove généré par Tim Simenon et arrive au chant de Gahan distordu et troublant, il n’est pas doux.

Martin Gore a déchiffré le single de “retour” de Depeche Mode au profit de Keith Cameron du NME : “Barrel Of A Gun parle de te comprendre et de te rendre compte que tu ne corresponds pas forcément au plan des choses de quelqu’un d’autre. On peut avoir de petites diversions de son chemin, mais je pense qu’il y a quelque chose qu’il y a quelque chose qui est écrit pour nous, que c’était notre destin. Je ne suis pas totalement fataliste ; je pense qu’on peut dire des choses, mais je ne pense pas que c’est très fort”.

L’apparente conviction de Gore que le destin d’une personne est largement déterminé dès la naissance a touché une corde sensible chez Gahan, en voie de guérison : “J’ai toujours aimé sortir prendre un verre, et je n’avais jamais été capable de contrôler ma consommation. je n’étais pas vraiment un buveur social – je l’ai essayé un moment, mais je buvais pour me saouler, et c’était très clair pour moi, même quand j’étais très jeune. Je crois vraiment qu’on est né comme ça – [avec] ce besoin additionnel d’attention. Je continuais simplement [avec] tout ce [genre de comportement] ; je me suis mis dans un groupe pour être observé et jugé, me mettant là-bas. Je pense que je recherchais juste quelque chose qui me mette à l’aise, et pendant un moment, j’ai trouvé ça dans les drogues.

“Mais, comme nous le savons tous, quand ce sentiment arrête de fonctionner, c’est le bordel. J’ai passé quelques années à m’essayer aux drogues et puis j’ai passé quelques bonnes années à essayer d’arrêter. Faire ce truc d’arrêter pendant quelques jours – c’est un putain de cauchemar ! C’est un manège dont on ne peut descendre”.

Heureusement pour Gahan, en 1997, il avait au moins réussi à descendre de ce manège cauchemardesque, même si, comme il était apparent dans son analyse de son personnage qui présente des défauts, ce n’était pas une tâche facile : “Je pense qu’on naît avec un certain gêne. Il y a beaucoup de théories différentes à ce propos. Tout ce que je sais, c’est que je réussis mieux dans la vie quand je n’interviens pas. Je ne me fais pas de faux espoirs que je peux m’interférer, et ça ne me manque pas. Il y a eu un moment où c’était une lutte – ne soyez même pas tentés. Mais ça demande un moment une fois que tu as arrêté tout ça – c’était mon cas, en tout cas – à vraiment commencer à me sentir à l’aise. Mais quand j’ai commencé à vivre ces jours bizarres où je me sentais juste totalement satisfait, et je ressentais à nouveau cette excitation pour la vie – juste faire des choses, passer mon temps à faire des choses. J’ai passé beaucoup de temps à rien foutre, en gros, avec l’illusion de faire beaucoup”.

Un clip de Barrel Of A Gun – le 30ème single de Depeche Mode – a été tourné à la toute fin novembre quand Anton Corbijn a tourné son objectif vers le cœur de Marrakech.

Dave Gahan : “La chose intéressante dans [ce] clip, c’était que j’avais des yeux peints sur les miens. Il y a ce mur autour de cette vieille ville au Maroc – cet énorme mur, qui, pour les Marocains, est en gros des chiottes ; c’est là où ils vont chier ! J’ai dû marcher tout le long de ce mur quand ils me filmaient, alors il y avait ce mur d’un côté, et ils étaient là, Gauche, droite, parce que chaque fois qu’on venait, il y avait un mec qui faisait ses besoins là et je n’en avais aucune idée ; je suis aveugle, alors je marche dans tout ça – cette merde, ce qui était très amusant pour Anton et [le producteur] Richard Bell à l’époque !”

Gahan a en fait souffert pour son art quand il a attrapé la salmonelle durant le tournage au Maroc. Il a été rapatrié au Royaume-Uni où il a été immédiatement confiné à un lit d’hôpital londonien pendant trois jours. Des éléments du clip captivant de Barrel Of A Gun par Corbijn ont été décrits par Dave Gahan comme étant “assez autobiographiques” puisqu’il montrait un homme littéralement suivi par le canon d’une arme, et, ainsi, symbolisait le récent passé de Gahan. “Je le voulais comme si tu fuyais constamment ta vie, évitais la vie, évitais tes sentiments, a expliqué le chanteur reformé. C’est être un junkie, en gros”.

Ayant personnellement soutenu Gahan durant le cauchemar éveillé de l’addiction et sa désintoxication subséquente, le clip de Corbijn était d’autant plus perturbant. “Je pense que l’idée lui est venu parce qu’il me voit beaucoup plus sain de santé aujourd’hui”, a déclaré Gahan à l’époque.

Dans un communiqué de presse précédant la sortie du premier single de Depeche Mode en trois ans, Mute Records a annoncé que Barrel Of A Gun allait sortir simultanément sur 2 CDs dans “des boîtiers cristal inversés spéciaux” et un maxi 33 tours avec une pochette à rabats. Comme toujours, les remixes étaient abondants, “par les lumières dance disparates Underworld, 3 Phase, One Inch Punch et Plastikman”.Tous ces artistes, plus United, étaient aussi mentionnés dans des publicités tape-à-l’œil placées dans la presse musicale généraliste – dont une page entière dans le New Musical Express.

Andy Fletcher : “Quand le remix d’Underworld est revenu, il est venu en deux mixes. Tim, qui l’avait déjà écouté, a dit que le deuxième était excellent. Alors on a écouté le [Underworld] Soft Mix, qui était le premier mix ; on a pensé, C’est génial ! L second [Underworld Hard Mix] doit être fantastique ! Mais alors il commence, dure environ dix minutes, et il n’y a pas un bout reconnaissable de la chanson dedans – et pas de chant. Alors je suis allé voir Tim lui dire, C’est vraiment bon, mais il n’y a rien de la chanson dedans. Il a répondu : Eh bien, c’est comme ça que ça se fait aujourd’hui. Mais on ne pensait pas que c’était bien, alors on a eu une discussion. On a renvoyé le remix et Underworld a ajouté du chant, en matière de compromis. Je ne suis pas sûr de ça, mais j’aime le [Underworld] Soft Mix”.

Martin Gore acquiesçait : “La version originale de Barrel Of A gun était environ de 83 beats par minute. Quand on a reçu le [Underworld] Hard Mix d’eux, on était là assis à penser, Quelle pertinence a cette vitesse par rapport à la nôtre ? Est-ce la double de la nôtre ? Et on l’a mesurée, et il s’avérait qu’elle était à environ 148 bpm ! Quand je les ai appelés [Underworld], j’ai demandé, Y’aurait-il moyen que vous y mettiez du chant ? juste qu’il ait une certaine pertinence, parce qu’il n’y a pas un seul son de la version originale. Et ils ont répondu, Eh bien, on n’est pas bien sûrs comment ça marchera, parce que la vitesse est différente, et c’est dans un ton différent ! Ton différent, vitesse différente – chanson différente !”

Dave Gahan : “Tout le monde a foncé sur It’s No Good quand ils ont entendu l’album en disant que c’était la chanson qui allait lui apporter du succès. J’étais là, Oh ouais, ça sonne comme Depeche Mode. Mais je pense que le succès d’Ultra était le fait qu’on ait réussi à finir un album dont on est très heureux, et en obtenir un tube est toujours très sympa”

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Barrel Of A Gun est monté à la quatrième place des charts singles britanniques en deux semaines de sa sortie – leur plus haut placement depuis People Are People quelques 13 ans auparavant. (1) Clairement, la fanbase britannique considérable de Depeche Mode était ravie de voir le groupe – et Dave Gahan en particulier – de retour en grande forme. L’ex-leader de Slade, Noddy Holder – pas étranger des charts singles britanniques – a eu les honneurs d’être le chroniqueur invité du Melody Maker : “J’aime Depeche Mode. C’était mon groupe préféré du début des années 1980. Ils ont touché une corde sensible chez moi. Ils ont fait de grands singles dans le passé, mais ils ont perdu leur chemin avec celui-là. Il fait trop de méandres. Trop de drogues, je pense ! Est-ce que leur chanteur est à nouveau compos mentis ? Il a été dans une maison de fous, non ?”

Quand Depeche Mode sont apparus sur Top Of The Pops, c’était avec un line-up étendu qui incluait Anton Corbijn à la batterie et Tim Simenon aux claviers. Martin Gore : “Juste avant de monter sur scène, j’ai dit à Tim, Tu te rends compte que tu rejoins maintenant les rangs des pas cools ?”.

Corbijn prenait apparemment son nouveau rôle musical plus au sérieux. “Il m’a dit qu’il n’avait jamais été aussi heureux en 10 ans, a dit Andy Fletcher à rené Passett. il a sa batterie et il répète. Et il joue de la batterie sur scène avec nous”.

Le 31 mars, un second single, It’s No Good, a précédé la sortie britannique d’Ultra d’exactement deux semaines. Encore une fois, des maxi 33 tours et CD singles “standard” et édition limitée sont sortis simultanément avec plusieurs remixes dance du titre phare par des artistes tels que Andrea Parker (de notoriété du label Mo’ Wax), et l’artiste techno hollandais Speedy J (alias Jochem Paap) qui partageaient l’espace avec deux versions d’une nouvelle chanson, Slowblow (l’une était remixée par l’artiste de NovaMute – filiale de Mute Records –, Darren Price). “C’était une question de qui avait du temps disponible pour nos dates butoirs”, a noté Gore à l’époque.

Un homme qui, pour paraphraser les paroles de Martin Gore, avait tout le temps du monde, c’était Anton Corbijn, qui avait un caméo de batteur dans son dernier clip. “On s’inquiète un peu pour notre nouveau clip ; on n’a pas vu le script en entier et on a peur qu’il se concentre sur le batteur à 99% environ”, a blagué Gore.

Dave Gahan : “It’s No Good était l’un des clips les plus marrants qu’on n’ait jamais faits. Anton l’a pris à l’extrême, et il m’a habillé de ce costume en lamé vert. Mes cheveux étaient longs à l’époque, alors on a créé cette grosse perruque de Teddy Boy des années 1950. J’ai dû jouer vraiment un rôle – la vraie rockstar has-been qui finit par jouer dans ces endroits [minables], mais qui pense toujours qu’il est plus grand que la vie”.

Andy Fletcher : “It’s No Good allait toujours être un single. On le savait dès qu’on a entendu la démo. Je me souviens de Martin qui m’a appelé à propos de It’s No Good et qui m’a dit, Je crois que j’ai écrit un numéro un, et il [a été] numéro un dans de nombreux pays”.

Le public britannique qui achète des disques l’a lapé – poussant It’s No Good à la 5ème place le 12 avril, où il est resté le deuxième meilleur placement de Depeche Mode dans leur pays natal. La presse musicale était tout aussi expansive. “Quand on en vient à un drame aussi ultra-technologique, mais pourtant parfaitement traditionnel, Depeche Mode sont intouchables, fait que la litanie de remixes peu instructifs par des gens comme Speedy J et Andrea Parker ne sert qu’à souligner”, a dit le NME.

Martin Gore : “J’aimerais m’assurer qu’il y a une certaine base sous une chanson avant qu’elle passe sur un ordinateur ou les électroniques, parce que je pense que si tu commences à travailler avec un ordinateur et des banques de synthétiseurs, ça devient très facile de te berner qu’une chanson est géniale quand la chanson ne l’est pas du tout ; c’est juste quelques sons géniaux qui se répètent”.

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(1) Aux États-Unis, le single ne s’est pas aussi bien porté après sa sortie légèrement plus tôt le 18 janvier 1996, réussissant une 47ème place des charts Hot 100 Singles du Billboard et une présence raisonnable de neuf semaines dans le Modern Rock Tracks Chart où il a atteint la 11ème place. 

Traduction – 15 août 2013

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4 commentaires sur “Stripped – Chapitre 29

  1. etant une « jeune » fan de la musique depeche mode (depuis 10 ans environ) c’est un vrai kiff pour moi de decouvrir cette histoire, merci beaucoup pour ce travail et pour ce partage

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