Stripped – Chapitre 31

De grandes récompenses

“Je ne peux te dire combien de fois j’ai des gens qui viennent me voir dans la rue – même chez moi à New York, et ils me sortent, Je vous ai vus lors de votre dernier concert au Madison Square Garden ; je vous ai jamais vus avant ; je ne vous ai jamais aimés vraiment, mais c’était génial ! Et c’était vraiment sympa”.
– Dave Gahan, 2001

La double compilation The Singles 86>98 est entrée sans peine dans le Top 10 des charts albums britanniques, atteignant son maximum à la 5ème place en octobre 1998. Elle a même reçu des critiques lumineuses en cours en route de personnes telles que David Benedict du Melody Maker : “Que vous achetiez ou pas la théorie que Depeche a semé les graines de la techno de Detroit – et se classent ainsi aux côtés de Kraftwerk comme l’un des groupes les plus importants des 20 dernières années – c’est sans importance. Quoi qu’il en soit, ils ont constamment produit de la pop incroyablement efficace qui possède une appréciation aussi vive de sa démographie que n’importe quels boys-band hyper-calculé… Never Let Me Down Again demeure autant un élan d’homoérotisme picotant que c’était il y a 11 ans, tandis que l’extraordinaire et incessant Barrel Of A Gun de l’années dernière est une chanson furieuse et douloureuse. Depeche Mode, encore une fois, se révèlent essentiels”.

Andy Fletcher : “On l’a en quelque sorte vu comme une réussite vraiment grande – le fait qu’on sorte un best of, pourtant on est aussi populaires aujourd’hui que jamais. L’œuvre – 86>98… on la voit comme la meilleure de notre carrière”.

Alan Wilder : “La compilation est vraiment un objet historique, ce qui, à mon avis, reste correctement fidèle à toutes les sorties 45 tours originales (tout comme The Singles 81>85). Je pense personnellement que c’est la bonne manière de faire même si [ça n’inclut pas] nécessairement la meilleure version de Behind The Wheel. La même chose s’applique à de nombreux autres morceaux du disque, cependant ; tout le monde a différentes opinions sur ses versions préférées et il nous aurait été absolument impossible qu’on s’accorde tous sur la même chose. J’ai perdu au vote pour In Your Room à l’époque de sa sortie originale, mais puisque c’était la décision, pour cette sortie, la version correcte [le Jeep Rock Mix de Butch Vig] a été choisie”.

Wilder n’était pas entièrement d’accord avec la pochette d’Intro : “Intro a conçu toutes les dernières pochettes, ce qui est génial à voir dans un sens, parce qu’ils ont fait un boulot vraiment bon avec Recoil. Cependant, dans le cas de DM, je pense que c’est une décision bizarre de ne pas utiliser Anton Corbijn dont le style très unique représente 10 ans d’images de DM – quelque chose lié de très près aux singles eux-mêmes depuis 1986. À mon avis, lier ses pochettes d’album au fils des années aurait été la chose la plus cohésive (sans dire loyale) à faire. Je ne dis pas que cette pochette aurait été meilleure, mais la continuité aurait été là.

“Autant que j’aime le style d’Intro, je pense qu’il est déphasé par rapport à un best of de DM – avec The Singles 86>98, tu ne vends pas que la musique, tu vends l’image et les souvenirs. L’interprétation pour la forme d’Intro de certains symboles précédents – comme la rose [de Violator], par exemple – paraissait un peu ridicule, mais certaines photos principales étaient géniales. Il n’y a rien de mal au changement, je pense juste que le moment est mal choisi.

“Du point de vue contractuel, j’ai des droits d’être entièrement consulté sur tous les aspects des enregistrements auxquels j’ai participé, comme quelles versions sont utilisées, la pochette, le label, les objets promo, les idées marketing, etc. Parfois, c’est un combat, cependant, pour qu’un membre [du groupe] qui part se fasse entendre – loin des yeux, loin du cœur – et souvent, on présume que parce que je suis parti, soit je m’en fous ou j’ai abandonné tous ces droits. Pas vraiment”.

Sur ce point, le ainsi nommé A Short Film, réalisé par Sven Harding, et distribué durant la promotion de Depeche Mode comme EPK a secoué la cage de Wilder : “Tout d’abord, je me suis jamais mis en avant comme membre du groupe, et les médias ont tendance à se concentrer sur les chanteurs et les compositeurs – pour beaucoup, le geek du studio n’est pas vraiment glamour. Je n’ai pas non plus été aux portes de la mort pour y revenir, et, de manière plus importante, j’ai commis le crime abominable de quitter le groupe – alors, loin des yeux, loin du cœur.

“J’accepte toutes ces choses, mais j’était énervé en particulier par l’EPK de The Singles 86>98, que je trouvais extrêmement déséquilibré – avoir 10 ans de travail dur et dévoué représenté par 30 secondes sur 20 minutes, c’est assez insultant. J’ai également été exclus (et même pas prévenu) de l’interview avec Anton Corbijn dans laquelle les autres membres du groupe discutaient de ses clips pour les singles – les mêmes singles sur lesquels j’ai travaillé et joué”.

Wilder pouvait se consoler en recevant sa juste part des royalties conséquentes de l’album The Singles 86>98 (qui a atteint la 38ème place du Top 200 des charts albums du Billboard suivant sa sortie du 6 octobre sur Rerise), et The Videos 86>98, la vidéo accompagnante de Mute Films sortie au Royaume Uni et aux États-Unis sur WEA. Comme si cela ne suffisait pas, le repackaging par Intro de la compilation précédemment sortie The Singles 81>85 (couvrant tous les singles du vintage Dreaming Of Me de Vince Clarke en 1981 à Shake The Disease de 1985) est sorti peu après, soutenu par son homologue visuel Some Great Videos 81>85 sur VHS. “Je préfère en fait l’image principale (rouge), utilisée dans le repackaging de The Singles 81>85”, a admit Wilder

Pochette attirante à part, le CD somptueusement packagé incluait en plus le morceaux pré-Alan Wilder Photographic (Some Bizzare Version) et la version maxi 45 tours Just Can’t Get Enough (Schizo Mix) comme prime additionnelle.

À la différence du périple Devotional tristement célèbre, The Singles Tour a atteint, sans problème, sa fin triomphante en Amérique du Nord. Après deux concerts dans le Sud de la Californie à l’Arrowhead Pond d’Anaheim les 20 et 22 décembre, le groupe complètement revitalisé aura joué devant un total de 650 000 fans.

Dave Gahan : “C’est la musique, on est des musiciens, on joue… [on est] très reconnaissants de pouvoir faire ça et qu’on ait toujours des fans qui veulent venir nous voir. Il n’y a pas beaucoup de groupes qui peuvent dire ça après 20 ans ; on doit faire quelque chose de bien !”.

* * *

En octobre, Gore a fait appel à l’aide aux claviéristes/programmateurs Paul Freegard et Gareth Jnes, période nommée “atelier” sur le site web de ce dernier. “Paul et moi, on était là, essentiellement, pour soutenir notre artiste, Martin, a expliqué Jones, et comme le sait tout travailleur de studio, ça peut couvrir beaucoup de sujets.

“Pour je ne sais quelle raison, Martin était créativement bloqué et on a aidé à établir un environnement où la créativité pouvait couler plus facilement. On a fait des expériences avec les interprétations des chansons dans un environnement très relaxé, sain et positif – dans la mesure de ce qu’on pouvait. On a passé un bon moment ; on a  fait des méditations de groupe, parfois ; on a écouté de la musique ; on a bien mangé ; très occasionnellement, on est allés au pub”.

Gareth Jones s’est révélé particulièrement utile – d’un point de vue à la fois biologique et électronique : “Mon équipement incluait des huiles d’aromathérapie et de l’encens, du riz brun bio, des sardines et des galettes de riz, ainsi que des thés réducteurs de stress !”

Malgré le mode opératoire “New Age” de Gareth, l’ingénieur du son flexible a également tiré profit de son équipement d’enregistrement installé dans son Apple G3 PowerBook : “Dès le tout début, il était clair qu’on voulait être capable de passer sans problème en production avec ce matériel. Dans l’ensemble, c’était dans le style home studio, style qu’on a gardé dans de plus gros studios plus tard.

“Il n’y a pas d’intérêt à recréer des trucs ; en effet, très souvent, c’est simplement impossible. Alors une très grande partie de notre fantastique travail de pré-production est passé dans le disque fini. Une grande partie des guitares et des chants de Martin viennent de cette cession – et des masses de synthés et d’audio. Travailler dans le monde virtuel sans bande comme on le fait, tout audio est dispo durant toute la production”.

L’an 2000 arrivé, le site web de Jones s’est rapporté lui-même et Freegard comme étant impliqués dans la “pré-production actuelle”. “Dave est venu de New York et a fait d’excellents chants sur quatre mélodies déjà”.

Une de ces “mélodies” était Dream On, qui a laissé sa trace comme exceptionnel dans le catalogue varié de Depeche Mode. “Je viens juste de la jouer à Gareth et Paul à la guitare, et l’idée était de ne pas utiliser du tout de guitare – juste l’emmener dans une direction complètement différente, se souvenait Martin Gore. Après y avoir travaillé dessus pendant quatre jours, on avait cette percussion électronique nerveuse assez réelle qui passait dans le fond, et on a juste coupé la guitare originale que je jouais dessus, et ça sonnait bien tout simplement, parce que c’était si différent de tout ce qui se passait sur ce morceau”.

Cette dernière période de travail de pré-production a été soutenu par l’entreprise de portage nouvellement créée du groupe, Venusnote Limited – conséquence du groupe ayant finalement signé un contrat légal avec Mute Records Limited, dans lequel Venusnote garderait le copyright de tout enregistrement à venir qui, à son tour, sortira sous licence exclusive de Mute.

“Quand on a fait le dernier contrat, je pense qu’ils ont vaguement regardé autour pour vous qu’est-ce qu’il y avait [en offres], a déclaré Daniel Miller à l’époque. Qu’ils allaient effectivement sérieusement y aller, je ne sais pas. On était si entraînés les uns par les autres, je me demande parfois ce qui serait arrivé s’ils avaient fait ça [quitter Mute], mais je pense que s’il y a jamais un moment [où cela arrive], ce sera certainement discuté avec  moi, de toute manière. Je ne veux pas trop rentrer dans les détails, mais j’espère qu’on va travailler ensemble pendant encore quelques années”.

Ayant résolu tout soucis externe de sorte légale, la dynamique interne du groupe devait aussi être évaluée.

Andy Fletcher : “On a eu une petite discussion au début, et tout problème qu’on avait entre nous, on a réglé ça. J’aime à penser qu’on a presque tout résolu, mais je n’ai pas à être le meilleur ami de Dave pour être dans un groupe avec lui. Le fait , c’est qu’on puisse se disputer. Martin est l’un des trois ou quatre premiers amis ; Dave, je le considère comme un frère – comme une relation de famille. Je ne pense pas que Dave veuille passer toutes les secondes de ses soirées avec moi, mais il est comme mon frère – j’aime voir mon frère, mais pas tous les soirs. Je peux me disputer avec Martin, et Martin peut se disputer avec Dave – on a toujours ces tensions, mais le groupe doit avoir ces tensions”.

Daniel Miller : “Il y a des tensions sous-jacentes sur des différences de personnalité, doit-on dire ; pas fondées sur la musique, vraiment – fondées sur la personnalité. Elles ont toujours été là. Les vrais potes du groupe, si tu veux, c’est Martin et Fletch, historiquement. C’est le truc de potes – et avec Vince [Clarke] aussi ; ils se connaissaient tous chacun. Dave a été ramené par la suite. Les autres avaient grandi ensemble et se connaissaient gamins. C’est Bas [Basildon], tu vois – différentes parties de Bas”.

Bien sûr, les trois membres restants de Depeche Mode vivaient désormais sur différents bords de l’Atlantique. “On s’en fout d’où on vit, a avancé Gore. On choisit un endroit [où travailler], et on essaie habituellement de garder tous les membres du groupe heureux”.

* * *

“Quand le temps est venu pour nous de réellement rechercher un producteur, il n’y avait pas beaucoup de personnes qui faisaient l’affaire. [On] a besoin de quelqu’un qui soit un véritable expert en électronique, et qui est aussi capable de remplir un rôle organisationnel – presqu’une figure de père”, a expliqué Martin Gore en 2001.

À la fin, ce quelqu’un s’est avéré être Mark Bell, 29 ans, qui, en tant que co-fondateur de LFO basé à Leeds (signature de Warp Records considérée par plusieurs sites web américains comme l’un des groupes techno les plus influents du début des années 1990) avait atteint la 12ème place des charts singles britanniques en juillet 1990 avec LFO. Bell venait de finir de travailler sur Selmasongs de Bjork (ayant auparavant produit Homogenic pour la chanteuse islandaise en 1997). Ce sont ces enregistrements au succès critique – et commercial – qui ont influencé Depeche Mode en faveur de Bell.

Daniel Miller : “C’est quelqu’un que je connais depuis des années, alors il est venu rencontrer le groupe, ils se sont bien entendus, et vraiment c’est tout. Et il avait le bon équilibre entre la compréhension des chansons et l’excellence dans l’électronique – au son contemporain. On ne voulait pas faire un album de genre, comme du trip-hop ou du drum’n’bass, ou de la house – les chansons devaient vivre dans leur propre monde, et je pense qu’il a compris ça”.

Mark Bell : “Je n’ai pas eu de temps pour y réfléchir. Ils ont juste dit, Okay, tu veux commencer dans une semaine ? Alors je me suis concentré au début à faire tout ce que je pouvais pour ces chansons – des tas d’idées pourries, mais la bonne occasionnelle aussi ! Quand j’ai entendu pour la première fois les démos, j’ai trouvé que certaines sonnaient finies déjà. Je pense qu’ils s’ennuyaient un peu avec les chansons, parce qu’ils jouaient avec depuis si longtemps, mais c’était exactement ce que j’avais entendu – des clic et coupés minimalistes allemands, mais avec de vrais instruments. j’ai pensé, Je suis la personne la plus qualifiée au monde pour faire ça !

Pourtant, l’humble petit gars de Leeds portait sa couronne de producteur avec une certaine gêne. “Je trouve ça trop bizarre qu’on m’appelle producteur, parce que producteur, ça veut dire tant de choses différentes pour différentes personnes. Ça pourrait juste êttre quelqu’un qui emmène les artistes à des fêtes tout le temps et ne fait en fait jamais de musique du tout. Ou ça pourrait être quelqu’un qui fait toute la musique. Il y a juste tellement de variations – comme la manière dont ça peut passer dans la programmation. Mais je pense que je fais toujours exactement la même chose que je faisais il y 10 ans avec LFO. Je me voyais [comme] plus musicien à l’époque, et maintenant je fais toujours des choses musicales”.

Ce qui fait complètement partie de son attrait pour Martin Gore : “Je ne pense pas que Tim Simenon clamerait jamais être musicien – il irait jusqu’à se traiter de non-musicien. Mark essaie de prétendre qu’il est moins musical qu’il ne l’est en réalité. Il n’est évidemment pas un virtuose formé, mais il comprend plus qu’il ne le dit parfois”.

Tandis que Warp Records jouait sur le statut de pionniers synthpop de Depeche Mode en annonçant le coup de production de Bell en mai 2000, les souvenirs de Bell révélaient une véritable admiration pour Depeche Mode : “Ils étaient vraiment importants pour moi quand j’avais 15 ou 16 ans. J’aimais comment ils traitaient toujours l’électro et l’acoustique comme une seule entité. Leur musique n’appartient pas à un genre particulier ; elle n’est en aucun cas clichée.

“Alors quand j’ai eu la chance de travailler avec eux, j’ai pensé que ce serait vraiment bizarre, mais ça ne semblait pas du tout bizarre. J’avais déjà fait un remix d’un morceau intitulé Home extrait de leur dernier album [Ultra], et ils ont vraiment aimé la manière dont j’ai interprété la chanson. Je ne l’ai pas juste complètement transformée en morceau hip-hop ou speed garage, ou peu importe ce qui était in à ce moment. Je l’ai faite comme je pensais qu’elle devait sonner, et je pense que c’est ça qui les intéressait”.

Avec neuf nouvelles chansons prêtes, le 5 juin 2000, le groupe, le producteur et l’ingénieur du son Gareth Jones ont commencé à travailler aux RAK Recording Studios, qui étaient fiers de posséder les seules consoles de mixage API de 1976 complètement fonctionnelles du pays. “On est allés à RAK juste pour voir si on s’entendait en tant que personnes, vraiment”.

Mark Bell : “Manifestement, ça a été le cas. On y a été pendant trois semaines, à bricoler avec les nouvelles chansons. J’ajoutais des bouts complètement nouveaux – rien à voir avec les originaux”.

Alors que Bell était techniquement apte, le gros de la complexe procédure d’enregistrement est retombé sur les épaules de Jones. “Un travail musical et des chants inestimables ont été faits aux RAK, maintenait l’ingénieur du son, et on a commencé à développer une manière efficace et confortable pour travailler. C’était très important pour nous tous qu’on devait se faire plaisir en faisant l’album, et notre environnement de travail était également très important pour nous. On voulait être dans une ville ; on a décidé de travailler dans un studio commercial pour l’insonorisation, la maintenance et le soutien de l’assistant ingé son. On n’était pas en studio parce qu’on voulait enregistrer sur une grande console ou parce qu’on voulait avoir accès à des tonnes d’effets de studio. Avec ces priorités, on a pu reconsidérer la manière dont on utilise l’espace du studio.

“Dave était très enthousiaste à l’idée de passer beaucoup de temps sur les morceaux, alors c’était très clair qu’il avait besoin d’un espace de travail où il pouvait chanter, écouter de la musique et enregistrer des chants à chaque fois qu’il pensait qu’il avait quelque chose de digne d’être enregistrer. Je l’ai installé dans la salle des contrôles, à travailler sur de la bande analogique aux RAK, alors les deux salles pouvaient fonctionner de manière indépendante si elles voulaient. Évidemment, on était connectés par le son, alors on pouvait tous entendre ce qu’on faisait si on le voulait”.

Andy Fletcher : “On a travaillé sur Dream On d’abord, c’était probablement la première ou deuxième chanson que Martin a écrit pour l’album. Mais je pense que c’est le vrai morceau principal – un mélange de beats électro avec une guitare blues acoustique, des paroles vraiment bonnes et un grand refrain entraînant. C’était génial d’enregistrer cette chanson en premier [étant donné qu’elle] donnait le ton à l’album”.

* * *

Prochain arrêt : le complexe de studios Electric Lady de New York, scène des sessions vocales désastreuses de Dave Gahan pour Ultra. La visite du retour a été bien plus productive.

Gareth Jones : “Après RAK, on est allés directement à New York pour deux semaines avec l’intention principale de se focaliser sur les chants principaux. on s’est installés de manière plus conventionnelle dans le Penthouse de Electric Lady – les micros pour la voix dans la salle live et les synthés dans la salle des contrôles. On a aussi eu un bel arrangement de cordes par Knox Chandler pour When The Body Speaks enregistré dans la salle Neve. Ensemble, Dave Chantait et Martin jouait de la guitare pour certaines prises de cette chanson, aussi. Alors les sessions de Electric Lady ont beaucoup été des interprétations, et non de la programmation”.

En effet, le violoncelliste solo Chandler et une section à cordes de cinq personnes ont été déployés avec un effet à donner le frisson sur le rêveur When The body Speaks, complémentant parfaitement le chant de Gahan et la guitare de Gore sans compromettre le son typique de Depeche Mode que Bell était déterminé à conserver.

Mark Bell : “Dans le passé, je pense qu’ils auraient eu Martin qui joue de la guitare aussi parfaitement que possible. Puis cela aurait été édité pour le rendre plus synchro avant que Dave ne chante dessus. Alors je les ai assis dans le studio et je les ai enregistrés en train de jouer ensemble. Je ne pense pas qu’ils aient fait ça depuis 16 ans, voire plus – à part sur scène. Puis on a voulu emmener l’aspect acoustique plus loin et le faire sonner encore plus comme un truc Unplugged. Dave a dit qu’il a cet ami qui est arranger de cordes, alors Martin et moi, on a rassemblé les cordes et Knox a fait le reste.

Gahan et Fletcher ont tous les deux attribué plus tard le chant remarquablement franc et personnel de When The Body Speaks directement à Mark Bell. “Je suis vraiment merdique à accepter des compliments, mais une grande partie, c’était juste mettre Dave à l’aise. J’ai eu l’impression que dans le passé, il était nerveux ; évidemment, il interprétait les chansons, mais pas nécessairement comme il le voulait. Alors je l’ai encouragé à faire ce qu’il voulait ; c’est pourquoi on lui a donné sa propre pièce, même si j’y allais quand même lui donner des instructions”.

Dave Gahan : “Je ne suis pas l’un des chanteurs les plus confiants au monde. Mark a été vraiment encourageant, et il aimait ce que je faisais. J’ai besoin d’une tape dans le dos ; j’ai besoin de cet encouragement ; j’ai besoin de savoir que j’apporte quelque chose aux chansons de Martin. Sinon je ne prendrais pas la peine. Je sais que oui – dans mon cœur, mais parfois c’est plutôt, Qu’est-ce que je fais là ? Martin peut chanter cette chanson. Pourquoi ne le fait-il pas lui même ? J’ai pensé ça quelques fois durant l’enregistrement de [l’] album, mais Mark a dit, Ce que tu apportes ici, c’est important ; c’est vraiment précieux ; ça fait partie de Depeche Mode ; et ça fait partie de ce que devient la chanson. Alors il m’a vraiment encouragé avec ça – et Gareth est génial avec ça aussi”.

Désormais, Gahan était remarié et heureux. En conversation avec Dave Simpson du guardian, Gahan a révélé qu’il avait rencontré sa nouvelle femme Jennifer en Arizona, pourtant il a déclaré avec humour qu’il ne se rappelait pas ce qu’il faisait dans cet État. (Il est plus que probable qu’il était en désintox à la clinique de Sierra Tucson.)

Gahan a été plus ouvert avec le journaliste du Daily Mirror Gavin Martin sur l’actrice/scénariste qui l’a aidé à retourner sa vie : “Je l’ai rencontrée à New York, je suis allé à LA, et on est restés en contact. Je lui rendais visite à elle et son gamin [Jimmy], qui est désormais mon beau-fils, et on est restés amis. Je pouvais voir quelque chose en elle que je voulais. Elle se foutait du groupe dans lequel j’étais. Elle s’intéressait véritablement à ce que je me faisais, et j’ai vu ça dès le début. Il y avait quelque chose chez Jennifer qui a allumé une bougie en moi”.

Leur relation a été encore pus comblée par l’arrivée d’une fille, Stella Rose (née le 29 juillet 1999). Bien qu’Alan Wilder ait été invté au mariage, il tombait en même temps qu’un engagement d’enregistrement dans son studio Thin Line le même weekend. Wilder a, néanmoins, revu son ancien collègue à New York lors de la promotion du cinquième album de Recoil, Liquid.

Alan Wilder : “Hep et moi, on a rendu visite aux Gahan, et c’était génial de rencontrer sa femme, Jennifer, sa fille Stella Rose, et, bien sûr, voir Dave. Il est dans une forme fantastique et on s’est bien marré à propos de pleins de choses – vieilles et nouvelles. Il est évidemment fou de Stella Rose et semble très satisfait en tout point. Je lui ai apporté un exemplaire de Liquid”. (1)

Mark Bell est revenu sur le bonheur du chanteur d’être père pou la deuxième fois, et l’a aidé à canaliser créativement sa joie :“J’ai suggéré qu’il chante le morceau de fermeture de l’album, Goodnight Lovers, comme s’il la chantait vraiment à [sa fille], comme une berceuse. Et je pene qu le message passe. Ce n’est pas du jeu de rôle, mais quelque chose qu’il pouvait vraiment ressentir. Aussi, on a essayé de faire tous les chants en une prise, parce que je pense que ton cerveau sait instinctivement autrement – même si c’est un fondu étonnant. C’était vraiment important pour cet album – et Dave. Il a aimé le soutien. Après tout, il sait chanter ; il le fait depuis 20 ans !”

Dave Gahan : “Je me [suis] beaucoup amusé avec Dead Of Night. J’ai [dû] être Dave Gahan dans toute sa gloire – je suis dans un concert [imaginaire] et je sors tous mes trucs à la Bowie, à la Iggy et l’homme sombre et gothique”.

C’était en luttant avec cette même chanson que l’un des percussionnistes de jazz les plus renommés au monde a fini sur I Feel Loved et Freelove – bien qu’accidentellement.

Mark Bell : “On avait des problèmes avec le pont. Martin a suggéré d’utiliser une sorte de sample jazz/waltz qu’il avait, mais ça sonnait complètement merdique. On s’apprêtait à le retirer quand entre Airto Moriera ! C’était vraiment gênant, vu que la chanson était à son pire moment, mais on a quand même fini par l’avoir sur les autres chansons. Il est revenu une semaine plus tard avec ses jouets et a joué des trucs excellents qui allaient bien avec certains morceaux”.

Dave Gahan : “When The Body Speaks a été un véritable challenge, c’est juste une belle mélodie – ainsi que Goodnight Lovers. Je l’adorais. J’avais l’impression que je chantais à ma petite fille. Mark m’a dit, Tu sais, elle a un côté berceuse”.

Martin Gore : “Avec [Goodnight Lovers] je voulais vraiment recréer un côté Velvet Underground – le Velvet Underground avec Nico ; quelque chose comme I’ll Be Your Mirror. C’est très difficile de faire ça, mais on a demandé à Dave de la chanter très doucement – de la murmurer presque – et je pense que l’effet global des accords et la manière dont il l’a chantée l’a presque recréé, et j’étais assez ravi du résultat fini”.

La production s’est ensuite déplacée sur la côte opposée à Sound Design de Santa Barbara. “Martin venait d’emménager dans le Sud de la Californie, et le groupe a décidé d’aller travailler sur son territoire pendant deux mois, a expliqué Gareth Jones. Sound Design a deux zones live et une ambiance sympa, alors on a choisi ça. Santa Barbara est un bel endroit où travailler. On séjournait dans des hôtels avec vue sur l’océan. Mark et moi, on se promenait sur la plage pour aller au studio. Tout le monde s’est bien amusé, et on était libres des distractions des grandes villes comme LA, NY et Londres, puisque la ville s’arrête à 2 heures du matin”.

En novembre et décembre 2000, Jonathan Kessler s’est arrêté aux sessions de Santa Barbara, filmant pour le site web de Depeche Mode, où certains synthétiseurs du groupe étaient dûment mis en évidence.

Mark Bell : “Les synthés sont toujours vraiment importants pour eux, mais ce n’était pas une question de nous décidant que ça allait être un album électronique, même si c’était ce que j’aimais vraiment chez eux auparavant. Dès le début, les chansons étaient juste écrites au piano ou à la guitare, juste pour avoir les accords de base. Au moment où je me suis retrouvé impliqué, il y avait tellement de claviers, de plus Martin possède des tas de guitares. On a utilisé des tas de synthés sur Dead Of Night, à bricoler avec les réglages d’enveloppe et de ton.

“Non seulement Gareth est un ingé son excellent – réglant quels micros utiliser où, il est aussi tellement organisé quand on en vient au côté ordinateur des choses. On pouvait jouer sur un clavier à n’importe quel moment et l’enregistrer, et Gareth l’aura encodé en couleur, étiqueté et daté de manière instantanée”.

Jones a résumé le reste de la production de l’album : “On a fait beaucoup de travail excellent à Santa Barbara, comme on en avait déjà fait dans le Hertfordshire, à RAK et à Electric Lady ! Et on a continué à travailler dans les salles live des studios de mixage – Sony Studio B à NY et Sarm West Studio 1 à Londres – tandis que Steve Fitzmaurice mixait”.

Après la pause de Noël après un mois à mixer l’album à Sony, à NY, et deux semaines à Sarm West à Londres, la production s’est officiellement finie le 20 jnvier 2001.

Par coïncidence, la tâche suivante de Gareth Jones a été d’assister Vince Clarke à 37B, son studio privé basé à Chertsey à enregistrer Other People’s Songs, album d’Erasure de reprises fait à leurs propres frais, qui a commencé comme l’album solo soulevé depuis longtemps du chanteur Andy Bell (qui comprenait principalement des standards des années 1960). Bien qu’il renvoyait Erasure dans les charts après plusieurs années à se complaire dans le désert commercial, les critiques étaient peu enthousiastes, illustrées par Caroline Sullivan du Guardian : “Avec Solsbury Hill, le premier single de cet album de reprises, donnant à Erasure leur premier tube dans le Top 10 [britannique] en huit ans, il est clair que les synthétistes frivoles ne sont pas aussi finis qu’ils semblaient l’être. Mais est-ce que le regain d’intérêt s’étend à tout un album de trucs tout aussi léthargique ? Vince Clarke et Andy Bell ont sans aucun doute une bonne raison d’avoir ressort au karaoké sur leur premier CD depuis l’an 2000, mais Other People’s Songs est destiné à rester dans les mémoires comme le nadir d’une longue carrière”.

Sur la scène du Guildhall de Preston, “promouvant un album de reprises surréaliste qui a provoqué une hilarité critique”, le rejet du duo par Dave Simpson apparaissait dans le même journal : “La routine Veuve Twankey de Bell, c’est super marrant, mais la musique d’Erasure n’est pas la force qu’elle était. Dans l’état actuel des choses, l’ancien Titanic de la pop semble déterminé à s’enfoncer, tout en s’amusant”.

Avec un total de ventes d’albums précédents ayant surpassé plus de 14 millions (et toujours croissant), Clarke et Bell riaient sûrement sur le chemin vers la banque. Vraiment ? Bell a dit à Craig McLean du Telegraph qu’avant Other People’s Songs, il avait une dette envers les éditeurs de ses chansons (Sony/ATV Music Publishing) à hauteur de 500 000£ pour des albums qui n’avaient pas réussi à se vendre dans les quantités de sommets des charts dont le duo dynamique avait joui précédemment. “Ils nous ont donné des tas d’argent, puis on a eu trois flops ; c’est comme ça que ça marché”, a dit en soupirant le chanteur résigné.

Les choses se ont aggravées quand, en conséquence d’un abus excessif de cocaïne, le compagnon de longue date de Bell, Paul Hickey, a eu une attaque durant un arrêt de chirurgie esthétique à Los Angeles, leur coûtant 300 000$ de plus en factures médicales non assurées. “La cocaïne est une drogue étrange”, a dramatisé Bell à TranZfusion, mgazine web australien. “Quand tu commences à en prendre, on te la présente dans des occasions sociales – dans des clubs ou après des concerts – et tout est fantastique, au début. Puis, avant que tu ne le saches, tu l’achètes chez toi, tu apprends à connaître un dealer, tu arrêtes de sortir, et tu restes chez toi et tu deviens vraiment, vraiment chiant”.

On ne pouvait douter que Dave Gahan ne sympathiserait pas avec son collègue de label Mute. “Dave est assez efféminé, d’une manière vraiment jolie, dans le fait qu’il s’ouvre complètement à toi, raconte Bell. Tu n’as pas vraiment à lui demander quelque chose ; il te dira tout. Il me comprend comme si j’étais dans la même situation que lui, en disant, On est tous les deux des dieux rock aux Étas-Unis, mais non. Il te dira, Andy, tu sais ce que c’est”.

À peu près au même moment, Clarke a mis Ammonite, sa maison de Chertsey (et son studio d’enregistrement) sur le marché pour 2.5 millions £. De son design tape-à-l’œil, sur un terrain de 5 hectares, Clarke a déclaré : “J’ai une aversion des angles à 90 degrés, et je voulais profiter au maximum des vues magnifiques de la faune et de la flore qui habitent dans les bois [environnants]”. Selon la sœur de Clarke, Carole Martin, “Il n voulait même pas se débarrasser des taupes, et il ne permettait à personne d’utiliser des produits chimiques nulle part”.

C’était Carole qui a fait une visite guidée de la propriété extraordinaire à la journaliste du Sunday Times Rebecca Tanqueray en novembre 2002. “Vince Clarke, membre fondateur de Depeche Mode et de Yazoo, et aujourd’hui moitié du groupe pop culte Erasure” vendait pour aller vivre et travailler aux États-Unis. Pensant au-delà du spectre pop, Clarke a co-fondé The Illustrious Company à New York, avec le producteur Martyn Ware, fournissant des paysages sonores spécialistes pour des événements, galeries, installations artistiques et musées.

La description captivante par Tanqueray de la forme en spirale de la maison de Clarke – d’où, on présume, vient son appellation Ammonite – en disant autant sur le personnage de Clarke que la demande de l’architecte John Newton de créer une structure circulaire et opaque : “Arrangé en rond, le logement comprend trois étages qui tournent autour d’une colonne vertébrale d’un vertigineux escalier transparent en spirale. Le rez-de-chaussé est en grande partie paysager, avec un bureau, un grand salon et une cheminée centrale cylindrique, un bar et zone de jeux, une salle à manger, une buanderie, des toilettes, et une cuisine géante avec une zone de petit-déjeuner au sol en verre. La cuisine, avec la vue sur une piscine qui couvre la majeure partie du sous-sol, est l’endroit où Clarke passe la majeure partie de son temps”.

Carole était d’accord : “On passait la majeure partie de notre temps ici, parce que Vince adore cuisiner. (2) On a eu de grandes fêtes familiales, à jouer de l musique aussi forte qu’on le voulait”.

Si oui ou non, la récente malchance financière d’Erasure ait influencé la décision de Clarke de vendre sa retraite idyllique demeure purement spéculatif.

Quant à Depeche Mode, ils étaient encore une fois engagés à revenir dans le train-train promotionnel pour soutenir leur album assisté par Gareth Jones, Exciter, avec le cirque de tournée que cela impliquait inévitablement.

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(1) Gahan a plus tard retourné le compliment via le site web de Wilder : “C’était si génial de voir Alan. Il me manque vraiment créativement et sa manière dont il a façonné toutes les chansons de Martin avec ses idées. Mais surtout le vieux placard me manque tout simplement ! Merci pour le superbe CD de Recoil, Charlie”.  

(2) En effet, l’enthousiasme de Gareth Jones pour la créativité en grande cuisine de Clarke était tel qu’il est allé jusqu’à poster des photos de plusieurs plats sérieusement tentants sur son site web !  

Traduction – 18 avril 2014

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8 commentaires sur “Stripped – Chapitre 31

      1. D’abord bravo pour tout le travail déjà accompli ! Mais, à quand la suite ?

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